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vendredi 20 avril 2018

Yakoutie #7 : Près de la rivière sans nom

Je vais encore vous raconter une creepypasta yakoute. Elle est un peu inhabituelle pour le folklore local, car les esprits maléfiques (les « abassy ») ne sont en général pas décrits comme des êtres faisant totalement partie du plan physique, leur aspect est habituellement vague ou ils apparaissent sous forme de silhouettes, ils se cachent dans l’obscurité ou bien leur visage reste indiscernable, ils apparaissent brusquement puis disparaissent aussi sec, etc. Comme dans les pastas précédentes, quoi. Néanmoins, beaucoup de gens aiment la raconter au coin du feu, et il y a même des écrivains locaux qui s’en sont inspirés pour écrire leurs récits.

L’histoire concerne à nouveau deux frères. L’aîné avait pas loin de 30 ans et le cadet avait cinq ans de moins. Ils étaient tous deux chasseurs et étaient partis braconner en automne dans un trou paumé, là où le gibier ne craignait pas encore l’homme. Ils n’en étaient pas à leur première expédition lointaine ensemble, si bien qu’ils avaient déjà l’habitude, ils ne se faisaient aucun souci, tout était sous contrôle, la forêt, c’était leur chez-eux. Ils avaient établi leur campement non loin d’une rivière sans nom dans les bois, avaient rapidement construit une cahute temporaire, allumé un feu, nourri l’esprit du feu (et, à travers lui, tous les esprits des alentours) selon la stricte tradition locale avec de la bouffe et de l’alcool, afin d’obtenir leur protection, puis ils s’étaient mis en chasse. Le gibier était abondant, après deux ou trois jours ils avaient un bon butin et ils se frottaient les mains en pensant à toute l’oseille qu’ils allaient se faire en revendant tout au marché noir (l’histoire se passe bien évidemment pendant la période soviétique [NdT : plus précisément vers les années 80-90, pendant lesquelles la misère était grande et le marché noir un moyen d’y remédier]).

Vers le quatrième ou le cinquième jour, la neige a commencé à tomber. Les deux frères étaient dans leur cahute après la chasse et dînaient en parlant de tout et de rien, le feu crépitait, il faisait bon à l’intérieur et ils avaient le ventre bien rempli, quand soudain le son de quelqu’un marchant de l’autre côté du mur s’est fait entendre. Le bruit des pas dans la neige fraîche était net. Ils ont d’abord porté la main à leur fusil : et si c’était un ours ? Mais non, les pas étaient définitivement humains, ils se dirigeaient vers la porte, puis une voix féminine s’est élevée : « Brr, quel froid ! » Là-dessus, les deux frères sont restés cois. Pendant ce temps, la porte s’est ouverte et a laissé entrer une magnifique jeune femme emmitouflée dans de beaux vêtements (certes un peu démodés pour l’Union Soviétique, mais la mode n’a aucune importance dans la forêt, l’important étant de se tenir au chaud). En voyant les deux frères, elle a déclaré joyeusement qu’elle était la fille d’un habitant d’un village peu éloigné, qu’elle était partie se promener en forêt et s’était perdue, qu’elle avait erré toute la journée et pensait déjà que c’était la fin pour elle, et qu’elle avait alors aperçu la cabane et le feu à l’intérieur et était donc entrée.

Les deux frères se sont jeté un regard. Ils connaissaient bien l’endroit, et il n’y avait pas le moindre patelin à trois cents kilomètres à la ronde. Mais la jeune femme était bien réelle, toute grelottante de froid et, en bons gentlemen qu’ils étaient, ils lui ont donc courtoisement fait une place à table, en lui servant du thé et de la soupe. Elle a tout avalé avec reconnaissance et a commencé à parler d’elle, comme elle avait peur, comme elle leur était redevable, etc. Le frère aîné hochait de la tête, en revanche le cadet, qui faisait bien moins confiance au hasard, observait leur hôte d’un air suspicieux. Lorsque l’occasion s’est présentée, il a prétexté une envie pressante pour sortir de la cabane. Il faisait déjà sombre, mais on y voyait encore quelque chose. Les traces de pas de la jeune femme étaient encore visibles sur la neige fraîche. Le jeune frère les a suivies pour voir que la piste s’interrompait sur la berge de la rivière. Mais la rivière n’était pas gelée : si la jeune femme l’avait traversée en nageant, elle aurait dû être trempée. Ses doutes se sont renforcés, tandis qu’il se rappelait de toutes sortes de légendes incompréhensibles à propos de chasseurs et d’esprits maléfiques infernaux vivant dans les profondeurs de la forêt, quoiqu’on décrivait ces derniers dans les récits comme foutrement grands, à côté d’eux les petits abassys en tous genres ne sont rien d’autre que du menu fretin. Bref, le gars a donc décidé de faire discrètement part de ses observations à son frangin et d’agir ensuite selon ce qui se passerait.

En revenant à la cabane, il s’est aperçu qu’une bouteille avait déjà été ouverte, que son frère flirtait allègrement avec leur hôte, ça se voyait que son cerveau avait arrêté de fonctionner et que son pénis avait pris le relai. Mais ça pouvait se comprendre : il n’était pas marié, la jeune femme était vraiment très attirante, et elle n’avait en plus pas l’air d’être contre. Le cadet a essayé de s’incruster dans leur discussion en prétextant que leur matériel de chasse allait être trempé sous la neige et qu’il faudrait le ranger, mais il n’a eu pour seule réponse qu’un regard de son frère signifiant clairement qu’il pouvait aller se faire foutre, et la femme s’est alors mise à le regarder avec un air si assassin, presque inhumain, que ça lui a flanqué la trouille et qu’il est reparti dans son coin. Il est resté assis avec un air sombre tandis que les deux autres se chauffaient de plus en plus. Mais il a tout de même réussi à attraper son frère alors qu’il était sorti un instant, juste avant de passer aux choses sérieuses. Il a alors essayé de tout lui raconter, les traces, le regard qui l’avait fait flipper, de lui montrer que toute cette histoire ne tenait pas debout, mais l’aîné ne pensait plus qu’à sa partie de jambe en l’air, sans compter qu’il était complètement bourré, et n’a rien voulu entendre. Finalement, ce dernier l’a collé contre le mur de la cahute et lui a promis une bonne branlée s’il s’avisait de tout gâcher. Le cadet en est resté sur le cul, jamais son frère ne lui avait parlé de cette façon, même après trois jours de biture.

Du coup, le petit couple est allé s’installer dans un coin de la cabane et s’est planqué derrière un paravent. Ils ont étouffé le feu, tandis que l’autre frère était allongé dans le coin opposé, écoutant attentivement ce qui se passait et broyant du noir, tout en gardant son fusil chargé avec deux balles sous la couette, des fois que. Les deux autres ont continué leur affaire, tout avait l’air de bien se passer, et le sommeil l’a peu à peu emporté.

Il s’est réveillé pendant la nuit à cause d’un bruit de raclement. Les braises du feu n’étant pas encore totalement éteinte, il n’avait pas dû s’écouler beaucoup de temps. L’étrange raclement venait de toute évidence de là où le couple était installé, et chaque raclement était suivi tantôt d’un gémissement, tantôt d’une plainte à peine audible de son frère. Le cadet a sauté hors du lit et s’est rué dans leur coin l’arme à la main. Repoussant le paravent d’une main et tenant son fusil chargé de l’autre, il a alors vu, dans l’obscurité, une silhouette sombre qui n’avait rien d’une femme à califourchon sur son frère, avec des yeux jaunes brûlant d’un feu ardent occupant bien la moitié de sa tête, en train de lui bouffer le cou. Le son provenait du raclement de ses dents contre les vertèbres. Le pauvre homme gémissait faiblement.

Le cadet, devant cette scène, a bien failli tomber dans les pommes, mais a quand même réussi à coller une balle à bout portant entre les deux yeux de la bestiole. Un glapissement a retenti et la créature a lâché sa proie, se traînant vers la sortie (certaines personnes ajoutent à ce moment du récit qu’elle aurait dit « j’aurais dû te faire la peau en premier »). Là-dessus, le jeune frère lui a tiré un deuxième coup de fusil, et la saloperie s’est enfuie de la cabane en hurlant une nouvelle fois et en défonçant la porte. Le cadet est alors allé remuer les braises avec précipitation pour faire de la lumière, puis est revenu se pencher sur son frère, mais il était déjà trop tard : ses yeux s’étaient fermés, sa gorge était en lambeau, le lit était couvert de sang. Ce qui était étrange, c’est qu’il n’a trouvé aucune trace de sang sur le sol ou près de la porte, pas plus que dans la neige à l’extérieur, malgré les deux balles qu’il avait tirées sur le monstre.

Lorsque le jour s’est levé, le cadet est parti pour le lieu habité le plus proche sans attendre. Il est revenu plus tard avec quelques autres gars pour récupérer le cadavre de son frère et démonter la cahute. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à appeler cette rivière l’Abassy-Yourègè (la rivière aux esprits maléfiques) et qu’on a arrêté de traîner dans les environs.

D’ailleurs, dans mon village il y a un mec qui assure que l’Abassy-Yourègè se trouve dans l’oulous Aldansky, qu’il y a été quelques fois et qu’il a même passé une nuit juste à côté, et que rien ne lui est jamais arrivé. Mais c’est sûrement pour se foutre de nous.
Traduction : Magnosa et Joy Weber


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