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lundi 31 octobre 2016

Guide de survie des creepypastas - Tome II

Bonsoir à tous ! C'est HLWN et vous êtes probablement tous maquillés, tout beaux tout propres, rangers aux pieds et couteaux aux poings pour aller casser du clown au coin des rues. C'est un très noble projet et je n'ai aucune envie d'interférer là-dedans, aussi, le post de ce soir sera assez modeste. Il prendra la forme d'une rétrospective écrite par notre valeureux camarade Ikari faisant directement suite à une vieille publication datant du temps où le présent blog assimilait les restes du cadavre de sa précédente incarnation

Bien que cet hommage soit louable à tout point de vue, par moi le premier, je suppose que certains parmi vous restent chez eux pour le grand soir et du coup, en attendaient plus de notre part. N'ayez crainte, j'ai de quoi faire pour le jour des morts et j'espère par avance que ce concept quelque peu casse-gueule vous plaira.


Sur ce, passez une bonne soirée à effrayer des gosses, et bonne lecture pour ceux qui restent. Moi je vais me cuiter dans les bois. :) :)

- TdK




Peut-être vous souvenez-vous du Guide de survie des creepypastas, paru en 2011 ? Si tel est le cas, que diriez-vous de refaire un petit récapitulatif des choses à éviter à tout prix lorsque l'on souhaite mourir vieux et dans des circonstances banales ? Voici donc rien que pour vous une deuxième édition du guide de survie en pleine nature quand celle-ci vous en veut à mort.




1/ "Qui est à l'appareil ?" A qui croyez-vous parler, quand vous entrez dans un salon de tchat ? Votre meilleur(e) ami(e) ? Vraiment ? Sur internet, on est sûr de rien, vous savez, alors si votre interlocuteur vous demande si vous l'avez entendu crier, vous dit avoir entendu des bruits bizarres autour de sa maison ou vu un animal dans son jardin, coupez court à la conversation et allez vous coucher.


2/ Allez VRAIMENT vous coucher. La nuit sert à ça, n'allez pas essayer de vous empêcher de dormir en plus du reste ! Et si quelqu'un vous propose un médicament ou une quelconque solution miracle pour éviter de dormir et de ressentir de la fatigue, refusez.


3/ En parlant de passer des bonnes nuits, lorsque vous allez vous coucher, arrêtez vraiment vos étranges petits rituels. Sincèrement, jetez vos peluches et vos jouets à la poubelle ou, si le cœur vous en dit, donnez les à votre petit frère. Bonne nuit mon petit !


4/ L'urbex, c'est cool. Mais une zone interdite est une zone interdite, alors abstenez-vous, surtout la nuit.


5/ Une partie de cache-cache dans un entrepôt abandonné ? Mais que vous apprennent vos parents, bon sang ?


6/ Les jeux vidéos ne rendent pas nécessairement "bêtes", comme diraient justement vos parents. Par contre, ils peuvent rendre légèrement paranoïaque voire fortement décédé quand ils ne viennent pas de commerces... Conventionnels. Et si d'aventure votre petite cartouche Pokémon , Zelda ou quoi que ce soit d'autre a une drôle de tête, donnez-la elle aussi à votre petit frère. Au lieu de ça, éteignez vos écrans et sortez au grand air.


7/ Mais pas trop quand même : les forêts sont rarement vos amies, tout comme les lacs, la toundra, les parcs ou le jardin de la maison abandonnée qui fait si peur au bout de la rue.


8/ Trouvez-vous un petit job d'été, plutôt que d'être payé pour servir de cobaye pour des expériences scientifiques douteuses. Non, on vous a menti, le Doliprane n'est pas inscrit à l'ordre du jour.


9/ Vous vivez seul(e) dans votre maison ou appartement. Pourtant, il faudrait déclarer les centaines de rats que vous logez dans vos murs, la goule dans la cave, ainsi que le stalker qui a fait poser des caméras derrière le papier peint et vous observe depuis Dieu sait où.


10/ Mangez des carottes ou des légumes verts, mais pas des tacos.


11/ Réflexion faite, surveillez votre assiette. Lors d'un repas, ne commencez à manger qu'en dernier, par précaution. Si vous avez des doutes sur ce que vous avalez, sortez votre nécessaire à chromatographie, on sait jamais...


12/ Votre adorable petite sœur n'est pas qui elle prétend être. Si elle se met à faire de mignons dessins de bêtes terrifiantes, envoyez-lui un crochet du droit dans le menton.


13/ Emmenez votre chien avec vous quand vous partez faire de la spéléologie. Et ne tentez pas le diable.


14/ Vous vous réveillez en sursaut. Il est 3h09. J'espère que vous gardiez un couteau sous votre oreiller.


15/ "Mais qui est l'idiot qui s'amuse à déplacer mes bottes de foin pendant la nuit ?" Vous ne voulez pas savoir.


16/ Les chaînes de télévision inconnues du grand public le sont pour une très bonne raison. Surtout Caledon Local 21.


17/ Des drôles de bonshommes qui font des gestes bizarres à la caméra, déguisés en docteurs de la peste et avec comme fond sonore un gargouillis indescriptible ? Encore un coup des Illuminatis ou bien..?


18/ Il se passe des choses bizarres, dans l'espace... Quand on m'avait dit que les morts montaient au ciel, ce n'était pas vraiment à ça que je pensais...


19/ Un drôle de personnage qui fait le poirier dans votre cour, en vous souriant ? Ne faites pas confiance aux services d'urgence, dans ce cas.


20/ Comme dit au numéro 1, on est sûr de rien sur internet. Et à plus forte raison sur le deep web. Vous pensiez être un petit génie de l'informatique, capable de plonger dans les profondeurs du réseau et d'en ressortir sans risque ? Oh, allons, vous êtes si mignon.


21/ Si vous vous perdez, de nuit qui plus est, assurez-vous de connaître une ou deux techniques de self-défense. Après tout, on ne sait jamais à quoi s'attendre quand on descend à une gare abandonnée au beau milieu de la nuit...


22/ Évitez les tunnels. On est jamais sûr de ressortir de l'autre côté. Et quand on réussit, rien ne dit qu'on est ressorti seul.




Vous qui aimez vous faire peur mais qui en même temps détestez ça, vous qui engloutissez les textes sur Slenderman ou Jeff the Killer avant de dormir alors que vous avez peur du noir, j'espère que cette "deuxième édition" du Creepypasta Survival Guide vous servira et que vous en ferez bon usage. Toutefois, si malgré toutes ces précautions vous arrivez à vous mettre dans des situations peu appréciables, du point de vue de votre intégrité physique ou mentale eh bien... Vous n'avez vraiment pas de chance, c'est tout.




samedi 29 octobre 2016

Ciel noir

Bonjour, aujourd’hui je vais vous partager l’histoire que j’ai vécue récemment avec ma femme lors d’un camping sauvage dans le département de Haute-Savoie, non loin de la montagne de Semnoz, en France. J’ai rédigé le plus soigneusement possible ce témoignage en y inscrivant un maximum de détails sur le lieu et la situation dans lesquels nous nous trouvions.

Il faut savoir que nous sommes des personnes saines de corps et d’esprit. Nous ne touchons à aucune drogue illicite et nous ne consommons de l’alcool qu’en des occasions très spéciales. Je ne peux en rien vous le prouver malheureusement, mais je vous demanderais juste de me faire confiance sur ce point durant la lecture de ce qui va suivre.



C'était le samedi 30 juillet 2016 lorsque nous nous sommes rendus en plein cœur des poumons verts d’Annecy pour une journée et une nuit de camping sauvage. Ce n’était d'ailleurs pas la première fois que nous en faisions.

À notre arrivée, nous avons abandonné la voiture pour nous enfoncer à pieds dans l’immense forêt de sapins. Nous avons dû marcher plus d’une heure et demie avant de trouver l’emplacement parfait pour la nuit. Nous avions pris le temps de nous installer confortablement dans la zone avant de nous offrir un joli pique-nique non loin d’une rivière. Nous sommes restés pratiquement toute l’après-midi à explorer les environs sans pour autant trop nous éloigner de la tente. À la tombée de la nuit, nous nous sommes réfugiés à l’intérieur. Le vent devenait plus présent à chaque minute, provoquant l’agitation répétée de ces gigantesques sapins encerclant notre si petite tente. Ce doux son de la nature qui nous offrait au départ un sentiment de plaisir et de relaxation, s'était quelque peu métamorphosé en une sensation, non pas angoissante, mais dérangeante dans le sens où la nuit allez être plus mouvementée que ce que la météo avait prévu.

Mais il était hors de question d'en finir là avec cette soirée juste à cause du temps subitement devenu capricieux. J’ai d’ailleurs profité de cet instant pour inventer des histoires peu rassurantes afin d’effrayer ma femme, même si, visiblement, cela semblait très clairement l’amuser plus qu’autre chose. Par la suite, nous nous sommes raconté nos meilleurs souvenirs, accompagnés des musiques nous les remémorant. Elle était heureuse, et moi aussi. Deux heures étaient déjà passées quand la fatigue a commencé à se faire sentir. Je le voyais dans ses yeux et elle le voyait dans les miens. Nous n’avons donc pas tourné autour du pot pour nous glisser dans notre duvet.

Il était plus de trois heures du matin lorsque ma femme m’a réveillé. Vous vous doutez donc que c’est à partir de là que les choses ont commencé à devenir inquiétantes pour nous. Au début, je pensais naïvement qu’elle bougeait comme toujours durant son sommeil mais, je me suis vite rendu compte du contraire lorsqu’elle a prononcé à plusieurs reprises mon prénom à mon oreille. D’une voix lente et difficilement compréhensible en raison de la fatigue encore présente, je lui ai naturellement demandé ce qui se passait. Agitée, elle m'a expliqué qu’au début elle avait été réveillée par un étrange bruit parasite, puis, quand il s'est subitement arrêté, elle avait entendu des choses rôder près du campement. Voulant absolument regagner mon sommeil le plus rapidement possible, j’ai tenté de la rassurer en lui disant qu’il s’agissait sans doute d’un animal tout en lui rappelant que nous étions en plein milieu d’une forêt. J’ai rajouté en lui coupant la parole, que le temps ayant empiré, cela pouvait aussi être les bruissements de la végétation que peut-être son cerveau percevait comme quelque chose de vivant se déplaçant aux alentours. C’est exactement ce que je lui ai dit. C’était sans doute complètement absurde mais ce baratin avait suffi pour la calmer. C’était le principal pour moi à cette heure tardive.

Cependant, j'ai été moi aussi pris d'une montée soudaine d’adrénaline quand différents craquements facilement identifiables comme des pas se sont fait entendre. Je priais dans ma tête pour que ce soit une simple bestiole. Peut-être que l'effet de surprise me focalisait sur les pires scénarios possibles, mais c’était très stressant. Les bruits continuaient, puis s’arrêtaient, puis recommençaient. Cela se répétait sans cesse. De plus, la chose errait très distinctement et de manière totalement aléatoire à quelques mètres à peine de notre position. Il devait certainement y en avoir une dizaine sans exagérer vu le vacarme que cela provoquait.

Puis, ils se sont arrêtés. L’une de ces bêtes ou je ne sais quoi s’est approchée de l’entrée de la tente. J’avais juste à ouvrir pour découvrir ce que c’était. Mais c’était impossible. La peur m’empêchait de faire quoi que ce soit. Et comme si ce n’était pas suffisant, une de ces choses ou devrais-je maintenant dire, un de ces individus, a appuyé ce qui me paraissait être sa main contre la tente pour ensuite la balader jusqu’à la fermeture. On pouvait entendre la forte respiration que faisait la personne de l’autre côté.
« Quand est-ce que ça va s’arrêter ? » me suis-je dit à moi-même en serrant ma femme dans mes bras.  C’est alors qu’il a commencé à ouvrir délicatement la tente.
« Laissez-nous tranquille ! » ai-je hurlé en espérant que ça fonctionne. Après un court instant chargé d’appréhension et, pour le coup, très angoissant, les individus se sont éloignés jusqu’à laisser place à nouveau au bruit du vent. Profitant de la situation pour refermer la tente, en l’espace d’une ou deux secondes, j’ai remarqué à l’ouverture que ces personnes marchaient très rapidement dans tous les sens en effectuant des gestes incohérents. Ces silhouettes noires produisaient aussi des sons inaudibles. Des sons complètement inconnus je dirais, mais l’intonation ressemblait vaguement à une personne ivre morte tentant de fredonner une sorte de mélopée. C’est compliqué à expliquer.

Nous sommes restés un long moment silencieux. Les mains de ma femme me broyaient presque l’avant-bras. J'ai pris une grande respiration pour ensuite évacuer toute cette terreur en moi. Juste après, un rire nerveux s'est échappé de ma gorge. Ma femme, elle, se frottait maintenant le visage en cherchant des yeux la bouteille d'eau. Enfin, quelques mots sont sortis de sa bouche : « Putain de merde… Je veux rentrer. » J’ai répliqué aussitôt avec un ton ironique que j’aurais finalement préféré un weekend chez ses parents. J’avais réussi à légèrement détendre l’atmosphère. J’ai quand même suggéré d’attendre un peu afin d’être sûr que ces tarés s'étaient barrés.

Cigarettes en bouche, nous sommes sortis de la tente en rangeant nos affaires dans les sacs. Je ne pouvais pas m’empêcher de sursauter à chaque bruit que la nature engendrait. Pour ne rien vous cacher, je tremblais dès que j’avais le dos tourné à la forêt. Je râlais à chaque fois que je n’arrivais pas à rentrer quelque chose dans un sac. L’anxiété me rendait tellement maladroit. Je voyais très bien que ma femme ne voulait pas perdre une seconde. Elle était silencieuse mais dans ses faits et gestes, je n’y voyais que de la frayeur.

« C’était sûrement des jeunes complètement drogués » ai-je dit, en me rendant compte immédiatement après que j’aurais dû la fermer. Elle est restée silencieuse. Quel idiot. Comment avais-je pu penser que cela allait la rassurer ? J’étais furieux à l’idée que ce weekend se terminerait là-dessus, mais, cette fois-ci, je suis resté plongé dans mes pensées sans rien dire.

Enfin, il n'est plus resté que la tente à ranger. Ma femme s'est rallumée une cigarette tandis que je réfléchissais à comment m’y prendre pour ne pas avoir de difficultés à plier cet abri. Cette situation commençait de plus en plus à m’énerver mais je faisais tout pour ne pas le montrer. Et, ce vent brutal m’empêchant de me concentrer, me déboussolait davantage. Pourtant, le ciel était entièrement dégagé. Il n’y avait aucun nuage, aucune étoile et étrangement, aucune lumière provenant de la lune. En fait, le ciel était juste noir. J’ai soupiré et secoué la tête en haussant les sourcils pour exprimer ma confusion.

Pour vous dire, je n’avais pas vraiment la tête à chercher une explication à ce moment-là. Après plusieurs essais pour ranger cette fichue tente, j’ai inconsciemment dit à ma femme : « Fait chier ! Surtout ne viens pas m’aider ! » Ce qui l’énerva à son tour, sans grande surprise. A ce moment précis, j’avais juste envie de tout balancer et de partir de cet endroit le plus vite possible. Au lieu de ça, j’ai retiré mes mains de la tente, ce qui l'a remise aussitôt dans sa position de départ, et je me suis assis sur mon sac en m’allumant une seconde cigarette.

C’est alors que nous avons perçu au loin un autre bruit difficilement descriptible dans un premier temps. Ça ne ressemblait en rien à ce qui se déplaçait autour de nous un peu plus tôt, ce qui nous a tout de même un peu soulagés. Non, c’était quelque chose d’autre. J’ai réussi à convaincre ma femme de s’éloigner un peu de la tente encore sur place afin de savoir ce que cela pouvait être. En nous concentrant un maximum, nous avons compris l’origine de cette turbulence en continu.

J’ai regardé ma femme et lui ai demandé d’un air étonné : « Il pleut ?! » Nous avons levé la tête en plaçant les paumes de nos mains vers le ciel. « Pas ici en tout cas. » M'a-t-elle répondu. En éclairant au loin avec la lampe torche, je pouvais voir très distinctement la pluie battante s’écrasant sur le sol. Je me suis retourné vers ma femme, l’air totalement perdu concernant cet événement, lorsque j’ai remarqué qu’à plusieurs mètres derrière elle se tenait un de ces types.

J’ai brusquement pris la main de ma femme afin de la coller contre moi. Je lui ai chuchoté de ne faire aucun bruit, lorsqu’elle a remarqué elle aussi sa présence. La personne a effectué un mouvement me faisant comprendre qu’elle s’était retournée face à nous. Sa tête s’est mise à vaciller dans tous les sens tout en poussant exactement les mêmes sons inintelligibles. Je pouvais voir difficilement des choses se déplacer dans les fourrés, de mouvements vifs et instantanés. Ces voix pétrifiantes confirmaient que ces personnes n'avaient rien de normal. J'agitais ma lampe torche partout dans la forêt. « Que des arbres, il n’y que des arbres ! » Répétais-je, ce qui effrayait ma femme.

Enfin, j'ai vu brièvement ces silhouettes se déplacer rapidement derrière les sapins. Contre toute attente, ces agitations se sont arrêtées d’un coup, d’un seul. Formant presque un cercle autour de ma femme et moi, ils nous regardaient silencieusement en bougeant leur tête qui semblait être désarticulée. Sans réfléchir, nous en avons profité pour courir jusqu’à notre tente que, heureusement, je n'avais pas encore démontée. Une fois à l’intérieur, nous les avons entendus marcher tout droit vers nous. Aussitôt après, ce crissement très perturbant identique à celui qu'avait entendu ma femme avant qu'elle ne me réveille s'est mis à résonner dans nos têtes, ce qui a également causé une étrange réaction sur les personnes autour de nous.

Ça frétillait de partout. Comme si ça avait déclenché quelque chose en eux. Et, d’un instant à l’autre, il n’y avait plus rien. Seul était présent cette sorte de brouillage imperceptible et insupportable, dont l’origine m’est toujours inconnue, accompagné du vent et des bruissements de la végétation.

Finalement, le grésillement désagréable s’est éloigné tandis que le son de la pluie se rapprochait, jusqu’à ce qu’il arrive juste au-dessus de la tente. À ce moment-là, ce mystérieux son indescriptible avait totalement disparu avec cette ambiance littéralement terrifiante, laissant ainsi derrière elle une atmosphère reposante et rassurante même si, au fond de nous, nous n’étions pas sereins pour autant. Calmement, toujours sur mes gardes, j'ai sorti la tête dehors, confirmant que nous étions bel et bien seuls. Tout en recevant de la pluie sur mon visage, je contemplais de nouveau le ciel en remarquant cette fois-ci des nuages et la timide lumière de la lune. Le ciel n’était plus vide. Il n’était plus noir.



Il était plus de quatre heures du matin lorsqu’on a définitivement quitté la forêt afin de se rendre à la voiture pour directement après rentrer chez nous. Nous étions toujours sous le choc durant le trajet. Ce que nous avons pu vivre, ce que nous avons pu voir, tout ça je ne pourrais pas véritablement y trouver une explication rationnelle. J’ai pas mal d’hypothèses en tête à ce sujet, mais je préfère les garder pour moi-même. Ce sont les faits qui sont primordiaux. C’est déjà assez difficile pour moi de partager cette histoire, assez incroyable je vous l’accorde, malgré le fait que je compte rester anonyme jusqu’à la fin. Et puis je ne voudrais pas paraître plus dingue que je pourrais sembler l’être dorénavant. Je suis tout de même frustré de ne pas avoir plus de preuves à vous partager, mis à part ce témoignage.


mercredi 26 octobre 2016

Mr. Stringy

Tante Sicily est morte. Elle était la grand-tante et la dernière proche encore vivante de ma femme, Emily. Les parents de mon épouse sont morts d'un accident de la route quand elle n'était encore qu'une étudiante de première année. C'est après ça qu'elle est entrée en contact avec Sicily

Sicily était vieille et avait quelque chose d'excentrique. Elle vivait seule sur un terrain en friche de 4 hectares au sud de Pendleton. C'était une femme célibataire qui consacrait son temps à "regarder ses histoires", comme elle disait, et fabriquait des poupées qu'elle donnait ensuite à des enfants en phase terminale.

Emily et moi, nous nous sommes mariés peu de temps après qu'elle ait obtenu son diplôme et nous avons utilisé le reste de l'argent de son assurance-vie pour nous payer une petite maison, ici, à Portland. À l'époque, Emily appelait Sicily une ou deux fois par mois et lui envoyait régulièrement des paquets qui contenaient tous les matériaux nécessaires pour ses poupées. Pour ce que je savais, leur relation se limitait à ça. Je lui ai proposé plusieurs fois de la conduire chez elle pour lui rendre visite, mais elle a toujours refusé, prétextant à chaque fois que ce n'était pas le bon moment. J'ai vite arrêté de lui demander.

Au fil du temps, Sicily a commencé à montrer des signes de démence. Ça a commencé doucement, elle répétait la même histoire ou la même question deux ou trois fois de suite. Puis, ça s'est accéléré. Plusieurs fois, j'ai vu Emily pleurer après qu'elles se soient parlées.

"Au début elle est complètement normale, et ensuite elle commence à parler de ces satanées poupées!" m'a expliqué Emily. "Mr. Stringy est bagarreur", "Mr. Stringy n'arrête pas d'embêter Ralphie" ...

Ralphie était le chien de Sicily. Il était passé un jour sur la propriété, et il avait décidé de rester. Il passait ses journées à chasser des lapins, ou à voler les bobines de fil de Sicily pour les vomir plus tard, d'où son nom.

Parfois, ma femme appelait Sicily à plusieurs reprises sans recevoir de réponse. C'est alors que les choses se sont tendues dans la maison. Incapable de la joindre, Emily a alors fait appel au shérif local pour faire une enquête. Il est allé à la propriété de Sicily et l'a retrouvée, saine et sauve, mais complètement confuse et désorientée. J'ai demandé à ma femme de la placer dans un établissement spécialisé, mais elle me disait que Sicily ne voulait pas et qu'on ne pouvait rien faire pour la faire partir.

Quand Sicily n'a pas répondu au téléphone après deux jours d'appel, mon estomac s'est serré. Le shérif nous a appelés plus tard ce jour-là pour nous informer que tante Sicily était décédée. Il a fait ses condoléances à Emily. Emily a passé le reste de la journée au téléphone à faire des arrangements. Il s'est avéré que Sicily avait tout préparé à l'avance, il y avait donc peu de choses à faire. Elle avait demandé et payé d'avance pour une crémation, demandant que ses cendres soient répandues sur sa terre et nommant ma femme comme sa seule héritière.

"Nous devons aller là-bas," lui ai-je dit ce soir-là. Je peux vous dire qu'elle a hésité, mais j'ai senti que c'était important.

"Ils peuvent nous envoyer tout ce que je dois signer," dit-elle. "D'ailleurs, elle m'a expliqué qu'elle ne voulait pas de mémorial, donc on n'a aucune raison d'y aller."

J'ai passé le lendemain à essayer de la convaincre. Je lui ai dit qu'elle le regretterait, qu'elle était de la famille et assez sympathique pour nous laisser ses terres. Elle a finalement cédé, et nous sommes partis le lendemain matin. Nous ne savions pas vraiment ce qui nous attendait là-bas, donc nous avons préparé notre équipement de camping et pris de la nourriture, par précaution.

Cet après-midi, après avoir un peu tourné en rond, on s'est arrêté à une station essence pour demander notre chemin. À l'intérieur de la supérette, nous avons trouvé le shérif qui s'était arrêté pour prendre une tasse de café. Il a dit qu'il était content que quelqu'un vienne pour Sicily, que c'était une honte que personne n'ait veillé sur elle quand elle en avait besoin. Il nous a indiqué le chemin en soulignant les points de repère, la plupart des routes étaient sans indications.

Au moment de repartir, il m'a pris à part et m'a donné un regard peiné.

"Vous n'avez pas l'intention de la voir, n'est-ce pas?" Me demanda-t-il, en évitant le contact visuel.

"Je ne pense pas, enfin, ma femme n'a rien dit à ce sujet" Ai-je répondu.

"Eh bien, ce n'est pas le genre de chose que je dirais devant une dame, mais elle était déjà décédée depuis un moment quand on l'a trouvée. Elle était si isolée..." Il balbutia. "Écoutez," dit-il finalement, "Je ne veux pas vous mettre mal à l'aise, mais quelque chose a trouvé son corps avant nous... probablement des rongeurs. Disons-le, elle était dans un sale état."

Il s'est penché plus près encore et m'a murmuré : "Ils ont pris ses yeux. Il vaut mieux que vous ne la voyiez pas comme ça."

J'étais sans voix. J'ai adressé un signe de tête au shérif et je suis allé à la voiture, un peu sonné.
Il y avait peu de distance entre la station service et la propriété de Sicily, mais on n'aurait jamais pu trouver par nous-mêmes. Toute la zone était sillonnée de chemins de terre. Finalement, nous sommes arrivés en haut d'une colline dans une prairie jonchée de débris, où se dressait un mobile home délabré. L'endroit ressemblait presque à une décharge. Nous sommes sortis de la voiture et après un rapide regard sur ce qui nous entourait, j'ai compris pourquoi mon Emily refusait de venir.

"C'était une erreur," dit-elle, "rentrons à la maison."

Je pensais la même chose, mais on venait juste d'arriver et je pensais toujours que ce voyage était la bonne chose à faire.

"Il se fait tard", lui ai-je dit, "je ne pense qu'il vaut mieux ne pas conduire sur ces routes la nuit. Pourquoi on ne resterait pas, on repartirait demain matin." Je pouvais bien voir qu'elle n'était pas convaincue, mais elle a accepté.

On a décidé d'explorer la maison pour voir s'il y avait des choses à garder. Je dois admettre que je m'attendais à trouver des objets de valeur oubliés depuis longtemps, mais j'ai gardé ça pour moi. La porte était ouverte, et au moment d'entrer, nous avons été frappés par une odeur qui nous a presque fait tomber à terre. C'était un pot-pourri de nourriture en décomposition, de déchets et d'air vicié. Nous sommes restés à la porte pendant un moment, espérant que l'air frais de l'extérieur s'imposerait rapidement, mais la puanteur a persisté.

Quand nous avons été assez braves pour entrer, la nature de l'odeur est devenue évidente. L'ensemble de la remorque était jonché d'ordures. Des piles de journaux et magazines au-dessus de vieux plats de nourriture, une accumulation de détritus. La cuisine était pleine de vaisselle sale avec de la nourriture dans divers états de dégradation. Une fois que je me suis habitué à la puanteur et la saleté, j'ai remarqué les poupées. Elles étaient partout. C'était de grandes poupées de chiffons que Sicily avait confectionnées à partir de différents types de tissu avec des yeux en boutons et des sourires cousus à la main.

Ce qui était dérangeant, ce n'était pas tant la quantité de poupées que le fait qu'elles avaient toutes été posées dans diverses natures mortes. Quatre étaient assises à la table de la cuisine devant des assiettes de victuailles décomposées. Une était perchée sur le canapé à regarder la télévision. Une autre dans la salle d'eaux, en train d'enfiler un bonnet de bain. Dans tous les coins, nous étions accueillis par un regard vide et un sourire idiot.

"Nous n'aurions pas dû venir," a déclaré Emily, serrant mon bras. Elle avait raison. Je voulais lui trouver du réconfort ici, pas lui mettre sur la conscience que sa tante avait vécu dans la misère et l'isolement.

Nous avons lentement fait notre chemin à travers chaque pièce. Je gardais un œil sur les trésors enfouis, notant du regard tout ce qui pouvait avoir de la valeur. 

Nous progressions dans un couloir étroit qui menait aux chambres, quand nous sommes tombés sur quelque chose d'entièrement différent. Des poupées alignées dans le couloir, certaines avec des membres manquants, toutes mutilées à divers degrés. Dans la chambre d'amis, nous en avons trouvé une avec une paire de ciseaux de couture plantée dans le front, et une autre empalée avec un tisonnier. C'était comme si nous étions sur la scène d'un règlement de comptes qui aurait mal tourné.
 

Il était clair maintenant que pendant toutes ces années où nous avions mis le comportement étrange de Sicily sur le compte de l'excentricité ou au pire d'une légère démence, c'est bien la folie qui la dévorait. La chambre principale offrait un spectacle similaire, à l'exception qu'il manquait les yeux de toutes les poupées de la pièce. En regardant de plus près, on pouvait voir pendre les fils qui autrefois retenaient les boutons. Une bibliothèque renversée bloquait le sol de la chambre, nous avons dû marcher sur le lit pour rejoindre l'autre côté de la pièce.

C'est là, que j'ai aperçu un grand coffre contre le mur. Il avait l'air d'être ancien et c'était peut-être le seul objet de valeur dans la maison. J'ai essayé de soulever le couvercle, mais il était fermé. J'ai pensé à le forcer, mais je ne voulais pas paraître insensible devant ma femme en deuil. On était en train de revenir sur nos pas pour quitter la chambre, quand j'ai remarqué une grande clé sur la table de chevet. Sans y réfléchir, je l'ai ramassée et je suis retourné vers le coffre. La clé correspondait bien au coffre, et un instant plus tard, je l'ai ouvert. Je m'attendais à trouver les économies de Sicily, ou au moins un souvenir de famille, mais le coffre ne contenait qu'une poupée.

Elle était faite de matériaux souples comme les autres et faisait quatre pouces de hauteur. Elle avait des fils rouges pour les cheveux et des boutons noir d'ébène pour les yeux. Mais au lieu d'un sourire tordu, elle avait de grandes lèvres rouges cousues qui lui donnaient un sourire narquois. J'ai levé la poupée et je l'ai montrée à ma femme qui était de l'autre côté de la salle.

Elle a tressailli quand elle a posé les yeux sur la poupée. "C'est Mr. Stringy," dit-elle.

"Celui dont elle parlait toujours ?" Elle a hoché la tête.

"Tu veux le garder?" Lui ai-je demandé, mais elle a secoué la tête. "Remets-le à sa place," dit-elle, "Je ne veux pas de cette chose dans notre maison." J'ai remis la poupée à sa place comme elle me l'avait demandé et nous sommes retournés à la voiture.

Le soleil commençait déjà à se coucher, nous avons planté notre tente et préparé le campement pour la nuit. J'ai fait un petit feu et nous nous sommes assis autour d'une bouteille de vin et quelques sandwiches. Peu après, la nuit est tombée et le mobile home a disparu dans l'obscurité.

"Je suis désolé," dis-je finalement, rompant le silence. "Si j'avais su, je n'aurais jamais suggéré de venir ici." Emily a approuvé silencieusement en regardant d'un air grave dans son verre de vin.

"Je suis passée à autre chose, tu sais." dit-elle finalement. "Mes parents, je veux dire. C'était il y a longtemps, j'ai fini par le digérer."

"Je le sais, chérie" lui ai-je répondu, "Je le sais."

Nous avons regardé fixement le feu un moment avant de rentrer dans la tente. Tout était immobile et calme, à l'exception du craquement occasionnel émanant du feu. Une fois installés dans la tente, nous nous sommes posés silencieusement. J'étais sur le point de m'endormir, quand Emily a rompu le silence.

"Elle était rejetée, tu sais."

"Je sais," répondis-je.

"Non, je veux dire que ce n'était pas son choix, mes arrière-grands-parents l'ont abandonnée. Maman me l'a dit un jour. Avant que mon arrière-grand-mère soit née, Sicily avait une autre sœur qui avait seulement un an de moins. Je suppose que leurs parents ont toujours privilégié la petite sœur et ont ignoré Sicily. C'est pour ça que Sicily a commencé à faire des poupées, pour avoir des amis avec qui jouer.

C'est seulement peu de temps après qu'elle ait fait Mr. Stringy que sa petite sœur est tombée gravement malade, au point d'être clouée au lit. Ma mère ne savait pas vraiment tout dans les détails, mais elle disait que la jeune sœur est décédée peu de temps après et que ses parents en ont accusé Sicily. Sicily a dit que c'était la faute de Mr. Stringy, que c'était un accident. Ils ont éloigné Sicily et ma grand-mère a grandi en pensant qu'elle était une enfant unique."

Je n'avais jamais rencontré tante Sicily, mais mon cœur s'est serré en entendant cette histoire et en apprenant ce qu'elle avait vécu pendant tant d'années. Elle avait passé toute sa vie seule, à fabriquer des poupées pour les enfants malades.

J'étais tellement perdu dans mes pensées que sur l'instant, je n'ai même pas entendu les halètements qui se rapprochaient. "Tu as entendu ça?" ai-je murmuré. Je pouvais entendre Emily hocher la tête dans l'obscurité. Le son s'est amplifié jusqu'à ce qu'il soit juste devant la tente. Les côtés de la tente ont alors commencé à trembler tandis que quelque chose grattait le nylon. Nous étions acculés, paralysés par la peur. Je me suis rappelé de sérieusement considérer l'acquisition d'un port d'arme si on arrivait à survivre à ça.

J'ai attrapé la lampe-torche et je me suis dressé sur mes genoux. J'essayais d'avoir l'air courageux pour Emily, mais elle avait probablement dû voir mes mains tremblantes.

"Écoute" dis-je finalement, "c'est probablement un coyote et ils n'attaquent pas les humains. Si on fait un peu de bruit, je suis sûr qu'il va s'enfuir."

Nous avons compté jusqu'à trois, et nous avons crié et frappé sur les côtés de la tente. Le calme est revenu un instant, puis nous avons entendu un gémissement plaintif à l'extérieur. Cela a duré une minute ou deux, avant que je cède. "Je vais jeter un coup d’œil" ai-je dit tout en descendant la fermeture éclair de la porte, armé de ma lampe-torche. J'ai tendu le cou hors de la tente pour découvrir un chien, gémissant dans l'obscurité.

"C'est juste un chien", ai-je dit.

"C'est Ralphie", a déclaré Emily. Il se tenait devant nous. C'était le chien le plus pathétique que je n'avais jamais vu. Il tremblait dans le froid, et les côtes visibles à travers son poil emmêlé suggéraient qu'il n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Il balançait sa tête d'un côté à l'autre, révélant que l'un de ses yeux était recouvert de sang séché.

Je me suis levé de la tente et j'ai essayé de l'approcher, mais il a gardé ses distances, gémissant et tenant sa tête de côté pour nous regarder avec son œil valide. Je lui ai versé de l'eau et lui ai donné les restes de viande de notre repas, qu'il a dévorés avec appétit. Nous l'avons regardé manger, et je me suis retourné pour voir des larmes couler sur les joues d'Emily. Elle a tapoté Ralphie sur la tête et est retournée se blottir dans la tente. Je l'ai suivie, et une minute plus tard Ralphie a gratté à la porte. Nous avons échangé des regards, et j'ai cédé, j'ai ouvert le rabat pour le laisser entrer. Il nous a regardé une dernière fois
avec circonspection avant de se décider à dormir à nos pieds.

"Merci", a dit Emily.

"Il sent encore plus mauvais que la maison", ai-je répondu.

Je crois qu'aucun de nous deux n'a pu dormir cette nuit-là. Chaque fois que j'arrivais à m'endormir, je me faisais réveiller en sursaut par un fracas à l'extérieur. Parfois ça sonnait comme du métal, parfois c'était le son de plats qui se brisaient au sol. Je ne pouvais pas déterminer si c'était vrai, ou simplement un rêve.

"Tu as entendu ça?" a finalement demandé Emily.

"C'est juste des ratons laveurs, ils ont dû réussir à entrer dans la maison", lui dis-je en essayant d'avoir l'air convaincant.

"Les ratons laveurs rient ?"


"Tu as entendu des rires?"

"Ça y ressemblait. Comme des rires d'enfants."

"Eh bien, les ratons laveurs font parfois des cris stridents, je suppose que ça peut ressembler à des rires" ai-je dit, en espérant que ce soit vrai.

J'ai tendu l'oreille, mais je ne pouvais pas entendre autre chose que le son de notre respiration. Lentement, la tente a commencé à s'illuminer.

"Le soleil se lève", ai-je dit en me levant.


Emily a accueilli la nouvelle avec soulagement.

"Allons-y maintenant."

Nous nous sommes assis et nous sommes sortis de nos sacs de couchage. Ralphie était encore endormi. "Qu'allons-nous faire de lui?" Ai-je demandé. Emily disait qu'on pouvait se décider plus tard, mais qu'on ne pouvait pas le laisser. Je l'ai secoué et appelé par son nom, mais il ne voulait pas bouger. Il avait froid.

J'ai regardé ma femme et j'ai vu les larmes dans ses yeux. Nous avons ejambé le chien pour sortir, et nous avons découvert avec surprise qu'il faisait encore nuit. La lumière venait du mobile home, qui était à présent dévoré par les flammes. On s'est rapprochés, mais on s'est arrêtés net dans notre élan en entendant un cri.

"Il y a quelqu'un ici", a dit ma femme.

"Il n'y a personne, nous sommes au milieu de nulle part. Il faut une voiture pour venir ici, et il n'y a aucune voiture dans les alentours."

"Donc c'est des ratons laveurs?"

"Il y avait beaucoup de choses dans cette maison" dis-je. "Je ne sais pas, mais je suis sûr qu'il n'y a personne ici."

Je suis retourné à la tente pour chercher nos sacs, mais Emily m'a stoppé. "Laisse tout ici" dit-elle, "Il faut partir."

Nous sommes retournés à Portland sans dire un mot.
 

Quelques semaines plus tard, j'étais à la maison quand le facteur est venu à notre porte avec un paquet. Au début, j'ai pensé qu'Emily avait commandé quelque chose sur Internet, mais j'étais sous le choc quand j'ai vu l'adresse de retour.

"Qui est-ce?" a-t-elle dit depuis la cuisine.

"Hmm, personne, juste quelqu'un qui essaye de vendre quelque chose" ai-je marmonné.

Je suis allé dans la salle de bains, le paquet à la main. Une fois la porte fermée derrière moi, je l'ai ouvert pour y trouver Mr. Stringy me regardant fixement de ses yeux en boutons, avec le même sourire ironique. Une note est tombée de l'emballage. C'était du shérif. Il disait qu'il avait retrouvé la poupée en parfait état à quelques pas du mobile home. Tout le reste était perdu. Il ajoutait qu'il était désolé pour cette perte et nous recommandait de le contacter si on avait la moindre question.

Sans hésiter, j'ai mis Mr. Stringy dans la poubelle de la salle de bains, que j'ai immédiatement vidée dans la benne. Je ne voulais pas énerver Emily, mais pour être honnête, la vue de cette poupée ne ferait que remonter des souvenirs que je voulais oublier le plus tôt possible.

Mais ce n'était pas la dernière fois que je l'ai vu. Je l'ai revu dans les bras d'une petite fille en fauteuil roulant au centre commercial.

Quelques mois plus tard, je l'ai encore vu dans les bras d'un garçon aveugle à l'épicerie avec sa maman. Je me suis approché d'eux, essayant de les mettre en garde, mais j'ai fini par divaguer comme un fou. La mère m'a dit de me mêler de mes affaires. J'ai insisté, mais c'était inutile. Elle a attrapé son fils par les épaules et s'est retournée brusquement.

Je les ai regardés s'éloigner. Le garçon faisait son chemin avec précaution, Mr.Stringy affalé sur son épaule, ses yeux d'ébène fixés droit vers moi. Je n'étais peut-être pas complètement lucide à ce moment-là, mais je vous jure que j'ai vu ses lèvres rouges relevées en un sourire grotesque de dents jaunes crochues.





Traduction : Ocene

Texte original

dimanche 23 octobre 2016

Les crayons rouges

Un couple marié, qui venait de rentrer de lune de miel, avait décidé d'acheter une maison. Le couple était très heureux car ils avaient réussi à obtenir la maison à bas prix. Elle était dans un quartier agréable, à proximité de la ville et pas très loin d'un centre commercial.
Un jour, le mari passait dans l'entrée, lorsqu’il a repéré un crayon rouge gisant sur le sol. Le couple n'avait pas d'enfants, alors le mari se demandait d’où venait ce crayon de couleur. « Peut-être que les anciens résidents l’ont laissé derrière eux », s'est-il dit en le jetant tranquillement à la poubelle.
Le lendemain, le mari est rentré du travail pour trouver un autre crayon rouge posé exactement au même endroit. Perplexe, il a décidé d’en parler à son épouse. Le visage de la femme a pâli quand il lui a apporté. Elle lui a dit que, chaque jour depuis qu'ils avaient emménagé dans la maison, elle avait trouvé des crayons rouges en faisant le ménage. Ils étaient toujours posés au même endroit, au bout du couloir. 
Le mari était debout dans le corridor, se questionnant sur cet étrange phénomène, lorsqu’il a remarqué quelque chose d’anormal. Le couloir était trop court par rapport à la taille de la maison.


Il a tapoté sur le mur au fond du couloir, qui lui a rendu un son creux. Curieux, il a alors commencé à décoller le papier peint, malgré les protestations de sa femme.

Derrière le papier peint se trouvaient deux portes coulissantes. C’était comme si quelqu'un avait soigneusement caché l'entrée d'un placard ou d’une petite pièce. Mais le mari s'est rapidement aperçu que les portes avaient été clouées.

Il est alors allé se procurer un marteau dans sa boîte à outils et a entrepris d'arracher les clous un à un.

Après avoir retiré le dernier clou, il a ouvert lentement l'une des portes pour révéler la petite pièce cachée. Regardant à l'intérieur, ils se sont aperçus que les murs blancs du petit espace étaient couverts de mots griffonnés au crayon rouge.

Les mêmes mots, répétés encore et encore, des dizaines de fois : « Je suis désolé maman, laisse-moi sortir... »



 Traduction : Elle

Texte original ici.

vendredi 21 octobre 2016

Une petite partie

Êtes-vous joueur ?
Non, je ne vous demande pas si vous aimez jouer aux jeux-vidéo, ou bien aux jeux de société. Je vous demande si vous aimez relever les défis, jouer avec votre destin...
Je suis ce qu'on appelle un maître du jeu. Pas cet adolescent boutonneux qui jette des dés derrière son bout de carton pour animer un quelconque jeu de rôle. Non, je suis LE maître du jeu. Je m'aventure ici et là, et je propose à qui le veut bien de faire une partie.
Une partie, oui, mais une partie de quoi, me demanderez-vous. Et bien, ça dépend de mon humeur. Je peux proposer toute sorte de jeux, mais mes préférés sont ceux avec des enjeux réels. Je me souviens notamment de mon passage en Russie, juste après que le revolver soit inventé, et... Oh, c'est une longue histoire, et je ne suis pas là pour parler de moi.
Je suis ici pour vous proposer... Un jeu ! Et oui, vous l'aviez sans doute deviné. Internet est si utile... Quel dommage qu'il ait été inventé si tard, il me fait économiser tellement de temps... L'avantage, c'est que je peux maintenant proposer des jeux à grande échelle, et à tellement de gens à la fois ! Formidable, n'est-il pas ?
Passons au vif du sujet, je sens que vous vous impatientez derrière votre écran.

Jouons !

Ce que je vous propose aujourd'hui est un jeu que vous connaissez tous. Ou bien, peut-être pas sous cette forme-là. Il s'agit d'une "histoire dont vous êtes le héros".
Le principe est simple, vous commencez au paragraphe 1, puis selon vos actions, vous devrez vous rendre au paragraphe indiqué. Simple, non ?
Le but du jeu est de finir l'histoire vivant. Et si vous mourez dans le jeu ? Et bien, recommencez. Ce n'est qu'un jeu, après tout.
Avant de commencer, ça vous dit de rajouter un peu de piment à ce jeu ? Je vous l'ai dit, j'adore les jeu, mais ceux avec des enjeux sont les plus... palpitants.

Fixons d'abord les règles :

- Vous avez une heure pour finir le Jeu. Après cela, vous êtes considéré comme perdant.
- Tricher vous fera perdre instantanément. Et je vous préviens, je HAIS les tricheurs.
- Vous avez le droit de recommencer autant de fois que vous le voulez, mais aucun abandon n'est admis. Celui-ci sera compté comme une défaite immédiate.

Passons à la phase la plus amusante... les enjeux !


- Si vous gagnez, je vous offre... disons... la Chance éternelle. Oui, c'est dans mes cordes. Imaginez : Vous gagneriez les jeux à tous les coups, vous n'aurez plus à vous en faire pour l'avenir : tout vous tombera dans les bras sans effort. Une affaire, non ?
- Si vous perdez, tout ce que je veux, c'est votre âme, quand vous mourrez. Ne vous inquiétez pas, je ne chercherai pas à vous tuer, ou autre futilité de ce genre. Je ne suis pas comme ça.

Alors, qu'en dites-vous ?

Vous devez sans doute penser que je ne suis qu'un petit rigolo derrière son écran qui fait des farces, et vous avez sans doute raison. Ou peut-être pas ? Après tout, on est sur le net, donc tout ce qui se dit ici est vrai, non ?
La seule chose qui importe ici est : Prendrez-vous le risque ?
Dans tous les cas, si vous acceptez de jouer avec moi, tout ce que vous avez à faire, c'est de mettre votre main gauche sur votre cœur, lever la main droite, et de dire à haute voix :

"Les dés sont jetés !"

C'est fait ?
Bien, bien, maintenant que tout est dit, place au jeu ! Vous avez une heure !
Bonne chance !


-------------------------------------------


1 - Vous vous réveillez dans une forêt sombre. Il fait froid, c'est l'hiver. Vous êtes frigorifié. Vous n'avez aucune idée de ce que vous faites ici, ni comment vous êtes arrivé là. Vous n'y voyez presque rien, mais vous apercevez au loin une lueur. Vous entendez également des bruits de pas venant de quelque part, derrière vous. Que faites-vous ?


Vous allez vers la lueur, allez au  21.
Vous décidez d'aller vers les bruits de pas, espérant trouver de l'aide, allez au 22.


2 - Vous vous approchez de la personne, et un long frisson vous parcourt le dos quand vous découvrez qu'il est mort. Vous le fouillez, histoire de trouver un objet utile. Tout ce que vous trouvez est une note dans sa poche. Vous la lisez :

"Si vous lisez ceci, c'est que je ne m'en suis pas sorti. Et que vous devez être dans la même situation que moi. Sachez que vous êtes la proie des chasseurs. Ne leur faites pas confiance ! Fuyez aussi loin que vous le pouvez !"

Vous savez maintenant ce que vous faites ici. Vous êtes dans une chasse à l'homme, et la proie, c'est vous ! Vous vous mettez en route. rendez-vous au 13.

03 - Vous marchez pendant des heures dans la forêt, sans jamais trouver la sortie. Vous êtes fatigué, vos jambes sont lourdes. Vous êtes tétanisé par le froid. Vous ne savez absolument pas quelle heure il est, et vous n'avez aucune idée de comment vous repérer. Vous auriez dû être plus attentif à l'école !
Cela dit, il faut prendre une décision.

Vous appelez à l'aide, rendez-vous en 07.
Vous décidez de dormir un peu en attendant l'aube. Rendez-vous en 15.

4 - Vous vous approchez de la personne, et un long frisson vous parcourt le dos quand vous découvrez qu'il est mort. Vous le fouillez, histoire de trouver un objet utile. Tout ce que vous trouvez est une note dans sa poche. Vous la lisez :



"Si vous lisez ceci, c'est que je ne m'en suis pas sorti. Et que vous devez être dans la même situation que moi. Sachez que vous êtes la proie des chasseurs. Ne leur faites pas confiance ! Fuyez aussi loin que vous le pouvez !"

Vous savez maintenant ce que vous faites ici. Vous êtes dans une chasse à l'homme, et la proie, c'est vous ! Vous vous mettez en route. rendez-vous au 8.

5 - Vous pointez votre fusil sur l'homme, et sans l'ombre d'un regret, vous pressez la détente. Mais le résultat n'a pas été celui attendu. Au lieu d'un BANG retentissant, un petit cliquetis s'est fait entendre. Le gars se moque de vous tout en remontant sa braguette.
"Et ouais mon gars, à ton avis, pourquoi avons nous laissé ce fusil à la cabane ! Il est défectueux, imbécile !" Il reprend son fusil qui était posé au sol, et vous vise.
"Celui-ci, par contre, il marche impec'."
Cette fois, un BANG retentissant s'est fait entendre dans toute la forêt. Vous tombez lourdement au sol. La moitié de votre cervelle tapisse maintenant un chêne.

Vous êtes mort.

6 - Pas le temps de niaiser ! Vous lui portez un violent coup de batte, digne d'un Home Run, en plein dans la tempe. L'homme tombe par terre, inanimé, son engin encore dans la main.


Victoire ! rendez-vous en 17.

07 - Vous appelez aux secours de toutes vos forces. Vous avez réveillé toute la forêt à force de crier. Dont des loups. Beaucoup de loups. Et ils ne semblent pas être contents d'avoir été tirés de leur sommeil. Mais par contre ils sont heureux d'avoir trouvé de la viande fraîche à se mettre sous la dent. Vous n'avez pas le temps de fuir. Un loup vous attrape la jambe, pendant qu'un autre vous saute à la gorge. Ce soir, c'est un vrai festin pour eux, et vous y êtes invité.

Vous êtes mort.


8 - Après de longues minutes, vous atteignez enfin la lisière de la forêt ! Vous vous croyez enfin en sécurité, mais tombez nez à nez avec un chasseur, en train d'uriner sur un buisson. Il à l'air aussi surpris que vous ! Vite, vous devez réagir !


Vous le prenez par surprise et lui assénez un violent coup de batte, allez en 6.
Vous tentez de lui parler, allez en 16.

9 - Si vous êtes arrivé ici, c'est que vous trichez. Et je vous ai bien dit que je HAIS les tricheurs. Votre âme est à moi, maintenant. Que vous ayez décidé de jouer ou non. Que vous me croyiez ou pas. On se reverra.

10 - Vous allez à la rencontre du promeneur. C’était un vieil homme accompagné de son chien. Vous lui expliquez la situation, et il vous conduit à la lisière de la forêt.

Rendez-vous au 17.

11 - Vous ignorez la personne, et continuez votre chemin, jusqu'à tomber sur un groupe de chasseurs.

Rendez-vous en 19.

12 - Armé de votre batte et de votre lampe torche, vous sortez de la cabane de chasseur, bien décidé à trouver la sortie et à retrouver votre vie confortable. Vous marchez pendant quelques minutes, jusqu'à tomber sur quelqu'un, posé contre un arbre.


Si vous décidez d'aller le voir, rendez-vous au 4.
Si vous décidez de poursuivre votre route, rendez-vous au 11.

13 - Après de longues minutes, vous atteignez enfin la lisière de la forêt ! Vous vous croyez enfin en sécurité, mais tombez nez à nez avec un chasseur, en train d'uriner sur un buisson. Il à l'air aussi surpris que vous ! Vite, vous devez réagir !


Vous le prenez par surprise et lui déchargez votre fusil en pleine tête, allez en 5.
Vous tentez de lui parler, allez en 16.


14 - Vous vous méfiez et partez vous enfoncer encore plus profondément dans la forêt. La nuit passée dans le froid vous avait déjà très affaibli, et vous vous sentez soudainement très fatigué. Vous tentez de continuer votre route, mais c'est trop tard, vous êtes perdu.
Vous vous écroulez au sol, dans une clairière. Celle-là même où on découvrira sûrement votre corps glacé dans quelques semaines.


Vous êtes mort.


15 - C'est un vrai miracle, mais, malgré le froid, vous avez tenu bon jusqu'à l'aube. Maintenant qu'il fait jour, vous réussissez à repérer les petit sentiers jusque-là invisibles. Vous marchez pendant quelques temps, puis apercevez au loin ce qui semble être un promeneur.


Vous allez à sa rencontre, rendez-vous au 10.
Vous allez dans le sens opposé, allez au 14.


16 - Vous le menacez, tout en lui posant toutes les questions qui vous passent par la tête. L'homme fait un pas en arrière, saisit un revolver à sa ceinture, et vous tire une balle en pleine tête. Vous vous sentez soudain très bête de ne pas avoir saisi votre chance. C'est d'ailleurs la dernière chose que vous avez sentie.


Vous êtes mort.

17 - Vous quittez cette forêt sordide et vous rendez dans le poste de police le plus proche.
Là-bas, les policiers écoutent votre histoire et vous réconfortent. Ils vous proposent un bon café, qui va sûrement remettre de l'ordre dans votre esprit.
Vous en buvez quelques gorgées, puis vos yeux commencent à se fermer tout seuls.
Vous êtes fatigué. Très fatigué... Vous vous endormez.

Rendez-vous au paragraphe 1.

18 - Vous entrez dans la cabane. Elle est vide. Vous explorez un peu les lieux, cherchant quelque chose d'utile. Miracle ! Vous trouvez une lampe torche. Vous l'allumez, et grâce à cette lumière, vous trouvez également une batte, et un fusil. Vous devez garder une main pour la torche et, ces objets étant encombrants, vous ne pouvez en emporter qu'un seul.

Si vous prenez la batte, allez au paragraphe 12.
Si vous prenez le fusil, allez au paragraphe 20.

19 - Vous interpellez les chasseurs. À peine avez-vous ouvert la bouche qu'ils pointent leurs fusils sur vous. Vous leur demandez pourquoi ils font ça, mais leurs seules réponses sont des ricanements bruyants. L'un d'eux vous intime l'ordre de vous mettre à genoux. Vous vous exécutez. Vous n'avez pas le choix. L'individu sort un couteau de chasse de sa ceinture, et se place derrière vous. La dernière chose que vous entendez avant qu'il vous tranche la gorge est : « Une proie bien trop facile. » Vous sombrez dans l'inconscience, pendant que vous sentez votre sang couler à travers le trou béant qui était autrefois votre gorge.

Vous êtes mort.

20 - Armé de votre fusil et de votre lampe torche, vous sortez de la cabane de chasseur, bien décidé à trouver la sortie et à retrouver votre vie confortable. Vous marchez pendant quelques minutes, jusqu'à tomber sur quelqu'un, posé contre un arbre.

Si vous décidez d'aller le voir, rendez-vous au 2.
Si vous décidez de poursuivre votre route, rendez-vous au 11.


21 - Vous allez vers la lueur. Arrivé là-bas, vous vous trouvez nez à nez avec un groupe de chasseurs, armés de leurs fusils. Ils vous regardent d'un air satisfait.


Vous essayez de leur parler, rendez-vous au 19.
Vous fuyez, rendez-vous au 3.

22 - Vous êtes arrivé là où vous avez cru entendre des bruits de pas, mais personne n'est là. Vous inspectez les lieux. Il semblerait que vous soyez dans une clairière. Dans la pénombre, vous distinguez ce qui semble être une cabane de chasseur.
Si vous décidez de vous y rendre, rendez-vous au paragraphe 18.
Si vous décidez de continuer à vous enfoncer dans les bois en espérant trouver quelque chose de plus accueillant, rendez-vous au paragraphe 3.



mercredi 19 octobre 2016

Requête à M. le Maire

Mail relayé par Jacques Dutris, Mélanie Artaud et Michel Gousset.

Expéditeur : Francine Migot <francine.migot11@bbox.fr>

Date : 22/02/2016

Objet : Maison abandonnée



Monsieur le Maire,

Pardonnez-moi de vous déranger encore. Je vous avais déjà demandé par mail de fouiller voire de détruire la vieille maison qui se trouve au fond de la forêt, sous les prés de M. Jacques (si ma mémoire est bonne). Je réponds maintenant à vos interrogations sur cette requête.

Il y a quelques jours, je suis partie en randonnée dans la vallée. Bonne marcheuse, j'avais pris mon paquetage et ma tente avec moi dans l'idée de camper quelque part pour la nuit. C'est ainsi que j'ai retrouvé, perdue au milieu de la nuit noire et froide, cette vieille maison à moitié en ruines. Cela faisait des décennies qu'elle avait été laissée à l'abandon ; le monde l'avait oubliée et moi avec. J'y suis entrée et j'ai arpenté les vieilles pièces poussiéreuses. Certains murs, couverts de lierre, tombaient en ruine et les tuiles du toit commençaient à se clairsemer, laissant entrer les moustiques et la lueur de la lune.

Néanmoins, la baraque restait en bon état relatif. Épuisée par ma longue marche, je décidai d'y passer la nuit. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, entrant dans une chambre, je vis que le lit était fait ! Les draps étaient bien blancs, propres et repassés, l'oreiller impeccable. Quelqu'un avait élu domicile dans la vieille maison… Surprise par cette idée, je hélai quelqu'un, à l'aveuglette. Personne ne répondit, bien sûr. Je n'avais par ailleurs remarqué nulle trace d'habitation, de présence ni même de passage. Épuisée, je finis par envoyer tout cela au diable et par me glisser entre les draps. Si quelqu'un vivait ici, il pardonnerait bien l'intrusion d'une randonneuse fatiguée...

Au cours de la nuit dans ce lit maudit, avant que je m'endorme, je reçus la surprenante visite de plusieurs animaux. À moitié ensommeillée, je pensai qu'ils avaient élu domicile dans cette maison, ou bien qu'ils appartenaient à la personne qui vivait là. Logique, n'est-ce pas ?

La gentille truffe d'un chien renifla mon visage. Un autre petit chien grimpa sur les couvertures. Deux ou trois chats - il faisait si sombre que je n'en étais pas certaine - vinrent miauler près du lit et finirent par se blottir doucement contre moi, par se frotter dans mon cou et se glisser sous mes draps. Vous savez, j'adore les animaux, Monsieur le Maire. Alors, enchantée d'un accueil aussi sympathique, je m'endormis le sourire aux lèvres.




Je vous demanderai de garder la suite pour vous. Vous pouvez rire devant l'absurdité de ce qui va suivre, Monsieur le Maire, mais je vous prie de croire qu'une chose pareille peut aisément rendre une personne folle à lier.

Le lendemain, à la lumière crue du soleil, je découvris que ce qui s'était blotti contre moi la nuit durant n'était pas un chat.
C'était une marionnette. Elle était cousue dans la peau d'un chat mort. Je me redressai : d'autres marionnettes aux yeux vides jonchaient le lit. Deux chats et deux chiens, Monsieur le Maire. Et pas un de vivant.



Espérant vous avoir convaincu, vous suppliant d'engager les démarches aboutissant à la fouille et à la démolition de la maison, et vous priant d'agréer mes sincères salutations.


Francine Migot






Ce texte est sorti vainqueur d'un concours organisé en interne par le vénérable Kamus, en collaboration avec notre forum partenaire Encre Nocturne (des types adorables). Son auteur se trouve justement être administratrice de ce forum... Bravo à toi Cornedor !

lundi 17 octobre 2016

Hi Walter! I got a new gf today

Je suis tombé sur un sujet d'actualité qui est viral aux États Unis, je parle du cas Kayla Berg.

Kayla Bergn c'est une meuf qui habitait dans le Winconsin, elle s'est faite enlevée dans la ville de Wasuau à l'âge de 15 ans en Septembre 2009 et n'a jamais été retrouvée à ce jour. Peu après son enlèvement (soit deux semaines), une vidéo intitulée "Hi Walter! I got a new gf today!" a été publiée sur Youtube montrant un mec, dont on ne connaît pas le nom, parler à un de ses potes appelé Walter. Il lui dit qu'il a une nouvelle copine, qu'il faisait les magasins avec et qu'il voulait le lui montrer, il dit aussi qu'elle n'aime pas les photos mais qu'il va la lui présenter quand même. À la deuxième scène, on le voit ouvrir une porte et on découvre une femme nue et ligotée dans une salle de bain, qui demande de l'aide. Il entre et ferme la porte brusquement, puis la vidéo s'arrête là.  

Le truc c'est qu'à la publication de la vidéo, le mec a bidé parce qu'il n'avait que dix abonnés. Seulement, il y a de ça pas très longtemps, un mec de reddit est tombé sur la vidéo par hasard et s'est demandé si ce n'était pas la fameuse Kayla Berg parce que les dates coïncident bizarrement. Depuis, le sujet a été énormément partagé jusqu'à ce que la mère tombe dessus et donne son avis; apparemment, elle reconnaît sa fille et sa voix.

Du coup, depuis peu l'enquête est rouverte, 7 ans après sa disparition...


Je vous laisse avec la vidéo et quelques liens qui en parlent.






vendredi 14 octobre 2016

Incontrôlable


Extrait de l'interview de l'agent de police ayant répondu à l'appel d'urgence de la famille publié sur un journal local .
« La femme était déjà en panique avant même que je n’aie le temps de lui parler. J’avais beaucoup de mal à comprendre ce qu’elle essayait de me dire. Sa voix secouée de sanglots et les pleurs derrière elle n’arrangeaient pas les choses. J’essayais tant bien que mal de la calmer en lui demandant la raison de son appel. Elle m’a informé que son mari était dans l’incapacité de contrôler la voiture. […] Elle criait à l’aide… C’était très angoissant. Tout en restant calme, je lui ai demandé sans plus attendre sur quelle route elle se trouvait, mais les cris de ses deux filles ont aussitôt interrompu la conversation. Selon ce que j’ai pu comprendre, le véhicule venait d’un seul coup de changer de route. C’est alors que j'ai entendu le père de famille rassurer leurs fillettes. […] Tout s’est passé si vite… La mère m’a ensuite fait savoir qu’ils se trouvaient désormais dans une forêt. Je distinguais la voix de son mari disant que les vitres venaient tout juste de s’ouvrir. Selon elle, les vitres, les portes ainsi que les ceintures étaient bloqués. L’appel s'est terminé rapidement quand de nombreux cris se sont mis à retentir à travers le téléphone. » 
La voiture a été retrouvée au fond du lac. Dans celle-ci se trouvaient les corps des quatre membres de la famille : le père, la mère et leurs deux enfants. Au départ, certains ont pensé que le père avait orchestré le meurtre de sa famille en même temps que son propre suicide. Cette hypothèse, cependant, s'est rapidement révélée non concluante. Tout porte à croire que rien ne s’est passé comme cela, ce qui a amené les enquêteurs à cette autre théorie.

Le véhicule était une Tesla Model S dont l’option « Autopilot » serait restée bloquée. Lorsque ce système est actif, il permet normalement de suivre de manière autonome le flot de la circulation en gérant seulement l'accélérateur et le freinage. Il peut aussi gérer la direction en maintenant la voiture dans sa voie de circulation. Cependant, dans cette situation, il semblerait que la machine ait totalement pris le contrôle de chaque commande, aussi bien électrique que mécanique. Allant du simple verrouillage des portes au blocage de l’accélérateur. D’après les analyses, la Tesla aurait aussi soudainement modifié l’itinéraire imposé en changeant dangereusement de route. Elle se serait par la suite étrangement frayé un chemin dans les bois pour finir au fond de l’eau, tout cela à une vitesse alarmante. Les vitres avaient été entrouvertes, laissant l’eau du lac pénétrer dans l'habitacle. Comme si la voiture avait consciemment anticipé les événements. Les hommes chargés de l’affaire ont dû démonter les portes toujours verrouillées et couper les ceintures toujours bloquées afin d’évacuer les corps.

L’affaire reste encore floue à ce jour mais les enquêteurs ont rapidement conclu à une simple défaillance technique. La marque américaine n’en est cependant pas à sa première victime puisque  ce même modèle avait déjà provoqué un accident mortel,
le 7 mai dernier en Floride.




lundi 10 octobre 2016

Démangeaisons

Tout a commencé il y a à peu près six mois. Mon cuir chevelu me démangeait occasionnellement. Ce n’était rien de bien méchant, juste quelques picotements. Et puis ça a empiré. J’avais la sensation continuelle de fourmillement dans mes cheveux. Je n’arrêtais pas de me gratter, un peu comme quand j’avais 7 ans et qu’il y avait eu une infection de poux à l’école. Les gens à mon travail me regardaient bizarrement. J’essayais de me contrôler mais c’était insoutenable, ça me démangeait trop, il fallait que je me gratte.

Et puis c’est passé à ma peau. Mes bras, mes jambes, mon ventre… Partout. C’était horrible, j’avais l’impression d’avoir à nouveau la varicelle. Mes vêtements irritaient ma peau, dès que j’avais quelque chose sur moi ça me démangeait atrocement. Pourtant ma peau n’avait aucune lésion, hormis bien entendu les rougeurs et les blessures provoquées par mes grattages incessants.

Je suis allé chez le médecin et je lui ai décrit mes symptômes. Je lui ai dit que j’avais tout essayé mais que rien ne calmait les démangeaisons. J’avais en permanence ces maudits picotements atroces sur la peau et mon cuir chevelu. La sensation horrible qu’un millier de petits insectes couraient sur ma peau. J’ai fait des analyses mais on ne m’a rien trouvé. Pas d’eczéma, pas d’urticaire ni psoriasis ou quoi que ce soit d’autre. Rien de physique. Alors j’ai essayé un psychologue. On m’a dit que c’était peut-être psychosomatique, peut-être que je faisais un blocage sur quelque chose. Peut-être que mes démangeaisons, ces horribles envies de m’arracher la peau, étaient dues à un problème émotionnel, enfoui au fond de mon inconscient. Sauf que tout allait bien dans ma vie avant d’avoir ce foutu besoin de me gratter toutes les deux secondes. J’ai même essayé l’hypnose, ça n’a pas calmé mes irritations. C’était devenu carrément insoutenable. Rien ne calmait ces démangeaisons, ça grattait en permanence, c’était des millions de fourmillements et de picotements en même temps, sur mon corps, mes cheveux, partout. Ça a même commencé à démanger sous ma peau.

Mon quotidien était déjà difficile, et ça a continué à empirer. Les démangeaisons étaient toujours plus violentes et je me suis mis à faire d’affreux cauchemars. Comme tout le monde, il m’arrive de faire des mauvais rêves, mais ceux datant de cette période de ma vie étaient tout simplement atroces. À tel point que j’avais peur de m’endormir. Je me souviens du premier. J’étais sur un sentier en pente, il faisait sombre. Des corbeaux me lorgnaient du haut de leur branche. Au milieu du chemin il y avait une personne de dos. Je me suis approché et cette personne s’est retournée. C’était une femme mais je ne voyais pas son visage, il était caché par ses cheveux. Des longs cheveux bruns. Soudain elle m’a brusquement attrapé par les épaules et j’ai eu une succession de flashs. Je voyais des symboles étranges, du sang, des flammes, des visages effrayants qui riaient… Et il y avait plein de voix qui parlaient en même temps et répétaient des choses incompréhensibles. Je me suis réveillé en sursaut. Je n’avais jamais fait de rêve de ce genre. Ça m’a vraiment perturbé, je sentais que ce n’était pas normal. J’ai fini par me rassurer en me disant que cela devait venir du stress à cause de mes démangeaisons.

À partir de là, mes nuits n'ont plus du tout été paisibles. Dès que je m’assoupissais je faisais un cauchemar. Certains étaient récurrents. Par exemple, je rêvais souvent que j’étais enterré sous terre et que tout à coup des milliers d’insectes se ruaient sur moi et commençaient à me dévorer vivant. Je pouvais sentir leurs mandibules m’arracher la chair. Et quand je me réveillais j’avais l’horrible impression qu’ils étaient encore là à cause de mes démangeaisons. Je n’ai jamais été du genre phobique, les insectes et tout ça, ça ne m’a jamais perturbé mais je peux vous dire que depuis, je ne peux plus voir une araignée ou une fourmi sans repenser à ce cauchemar.

Je rêvais aussi souvent de ma mère. On était enfermés tous les deux dans une minuscule pièce et elle me fixait. C’était dérangeant. Elle ne parlait pas et me fixait juste de ses yeux vides. Et puis tout à coup elle se mettait à hurler. Même si j’essayais, je n’arriverais pas à vous décrire ce cri. C’était horrible, ça me glaçait le sang. Je me réveillais toujours à peu près à ce moment-là, en sursaut. Mais une fois je ne me suis pas réveillé tout de suite et j’ai vécu la suite de ce rêve. Ma mère se taisait enfin mais pour se mettre à vomir du sang sans s’arrêter.

Ces rêves ne sont que des exemples parmi des tas d’autres. Si je devais tout raconter ça me prendrait des heures. Plus le temps passait, plus ils devenaient traumatisants. Je voyais des monstres, du sang, des gens que j’aime devenir de vrais psychopathes, j’étais l’objet d’attaques en tous genres. J’ai rêvé une fois qu’on me brûlait vif, et je peux jurer que j’ai ressenti la chaleur des flammes à mon réveil.

Je ne pouvais plus supporter tout ça. Les démangeaisons et ces horribles cauchemars. Je perdais pied, je ne dormais presque plus. Dès que je fermais les yeux je voyais des images atroces. J’avais l’air d’un fou. Les yeux exorbités par le manque de sommeil et toujours entrain de me gratter à sang. Je ne sortais plus de chez moi. Je passais mes journées à essayer de soulager mes démangeaisons.
Un jour un ami est passé me voir, s’inquiétant de ne pas avoir de mes nouvelles. Il m’a avoué après tout ça que ce jour-là, en me voyant, il avait failli partir en courant. Il est finalement resté mais il me répétait sans cesse qu’il ne se sentait pas bien, comme oppressé. Il me disait qu’il y avait quelque chose de malsain dans l’air et que je lui faisais peur à toujours me gratter. Alors je lui ai tout raconté, je devais de toute façon déjà avoir l’air d’un taré alors je n’étais plus à ça près.

Il m’a écouté et m’a conseillé une sorte de médium. Cet ami est très branché ésotérisme. Il m’a dit que, peut-être, mes continuelles envies de me gratter et ces affreux cauchemars venaient de quelque chose de paranormal. Je n’’avais plus rien à perdre, alors je suis allé voir le médium qu’il me conseillait.

Et j’ai bien fait. Dès que le médium m’a vu, il m’a tout de suite dit qu’une entité maléfique était accrochée à moi. Elle était presque collée à ma peau. J’avais un halo noir autour de moi. Je lui ai parlé de mes symptômes et il m’a dit que ce qui provoquait mes démangeaisons et mes cauchemars c’était l’esprit. Il me voulait du mal. Mon corps réagissait par les démangeaisons, les sensations de picotement, les fourmillements sous la peau, les sensations d’insectes courant dans mes cheveux… Les cauchemars quand à eux étaient directement provoqués par cet esprit qui cherchait à me déstabiliser, à m’affaiblir mentalement pour pouvoir prendre possession de mon corps.

Le médium m’a débarrassé de cet esprit. Il a effectué un exorcisme. Il m’a donné des conseils pour repousser les mauvais esprits. Je ne donnerai pas plus de détails sur ses actions car moi-même je ne suis pas sûr d’avoir bien compris comment cet homme avait agi pour me débarrasser de ce mal. Vous savez, le spiritisme et toutes ces choses sont à pratiquer avec certaines règles sous peine de fâcheuses conséquences. Les souvenirs que j’en ai sont trop vagues, j’étais vraiment dans un état second à cette époque de ma vie. Alors je préfère rester évasif sur le sujet.

Aujourd’hui, tout est redevenu normal. Plus de fourmis, plus d’irritations, plus de sensation de peau en feu, plus aucune démangeaison et plus aucun cauchemar.

Quoi qu’il en soit, je reste encore traumatisé par cette expérience et quand soudainement mes bras, mes jambes, ou mon cuir chevelu se mettent à me démanger, j’ai toujours l’angoisse que ce soit un esprit qui rôde autour de moi.


mercredi 5 octobre 2016

J'ai rencontré quelqu'un sur Happn

Temps de lecture approximatif : 8 minutes


Il y a quelques temps, je me suis inscrite sur une application de rencontre nommée Happn. Le concept me semblait intéressant alors, après avoir hésité longuement, j’ai décidé de tenter l’expérience. Au bout de quelques jours à peine, j'ai reçu ce que l’on appelle un « Charme ». Pour faire court, c’est un peu le même système qu’un « Poke » sur Facebook. C’était un garçon de mon âge qui me l’avait envoyé. Sans plus attendre, je me suis jetée sur son profil en constatant qu’il était plutôt mignon. Or, j’étais obligée de le charmer à mon tour pour entamer une conversation. Je ne vous cache pas que j’ai quelque peu hésité. En réalité, je trouvais ça débile de devoir à mon tour lui envoyer la même chose. Mais je l’ai fait quand même.

Je n’ai pas eu à attendre très longtemps pour qu’il engage une conversation. C’était simple, basique. Nous parlions, nous faisions connaissance. En parcourant davantage son profil, j’étais persuadée de l’avoir déjà rencontré quelque part. Il a rétorqué le contraire. Pourtant j’étais sûre de moi mais je n’arrivais pas à me souvenir de l'endroit où j'avais pu le rencontrer. Bref, Quentin était quelqu’un de très gentil. J’adorais son humour, sa simplicité. Pratiquement tous les jours nous nous parlions.

Un soir, alors que je rentrais d’une soirée chez des amis, dans le bus, j’ai ouvert l’application en constatant que j’étais en train de croiser ce garçon à ce moment. En effet, Happn a la particularité d’informer où et quand vous croisez une personne. Sur son profil était indiqué « croisé maintenant, à moins de 500 mètres ». Il faut savoir que ça ne peut pas être plus précis que ça. Ravie, je lui ai très vite envoyé un message avant que le bus ne parte en lui demandant où il était. malheureusement il n’a pas répondu tout de suite. Sur la route, j'ai rouvert l’application en remarquant à nouveau que le statut n’avait pas changé. J’étais toujours en train de le croiser et cela à moins de 500 mètres. Cependant, il n’y avait aucune voiture derrière nous, ni même devant et de plus, le bus avait pris une route de campagne avec rien aux alentours à part des champs et de la forêt. Je me suis dit qu'il devait se trouver avec moi dans le bus. J'observais discrètement chaque personne présente mais lui n'était pas là. J'ai renvoyé un message en attendant impatiemment une réponse. 

Une fois descendue au dernier arrêt, j'ai découvert sans surprise qu’il était toujours dans le coin. Deux types ainsi qu'une jeune femme étaient descendus avec moi. J'ai regardé une nouvelle fois les photos mais aucun des deux hommes ne correspondait au profil. Je suis finalement rentrée chez moi en pensant que l’application ne s’était simplement pas actualisée.

Le lendemain soir, mes parents m’avaient autorisée à inviter deux de mes amies pour ne pas rester toute seule. Sans hésiter, j’ai contacté Maëlle et Laurine, mes deux meilleures amies, pour une soirée spéciale séries. Il était déjà tard et le dernier épisode venait de se terminer lorsque Laurine a reçu un appel inconnu. Trois tentatives d’appels plus tard, elle a décidé de couper son téléphone. À peine quelques minutes après, ç'a été au tour de Maëlle. Elle n'a pas décroché au premier appel mais au second. Sans se poser de questions, elle a engagé directement la conversation. Elle a mis la main contre son portable et nous a informées qu’il s’agissait d’un homme cherchant à s’amuser avec nous. Laurine et moi lui avons demandé de raccrocher aussitôt. Chose qu’elle n’a pas faite. Prudente et quelque peu intriguée par cet événement, j’ai décidé de fermer la porte d’entrée ainsi que les volets. De toute manière, mes parents ne devaient plus tarder. J’ai d’un seul coup sursauté en entendant les éclats de rire de mes deux amies. Maëlle avait mis le haut-parleur. Certes, l’homme semblait très sympathique et surtout très marrant. Un canular qui avait échoué selon lui. Mais personne ne trouvait ça étrange à part moi, visiblement. Il n’y avait plus que moi qui me posais des questions. Cela dit, nous sommes restées tout de même pas loin d’une dizaine de minutes avec lui.

Par la suite, il a voulu que nous racontions chacune notre tour notre meilleure histoire d’horreur. Heureusement, nous en rigolions bêtement, même si au fond de moi je voulais qu’elles raccrochent. C’est alors qu’est venu son tour. Toutes les trois plongées dans le noir, il a commencé à nous raconter sa légende urbaine. C’était très bizarre. L’ambiance était, d’un seul coup, redescendue et devenue très pesante. Il nous la racontait tellement bien que c'était oppressant. Parfois, nous rions nerveusement pour nous rassurer lorsque ses paroles nous faisaient frissonner d’angoisse. Alors que nous attendions la chute, nous avons soudainement été surprises par les craquements du plancher à l’étage. Un perturbant silence a régné ensuite dans le salon pour ensuite laisser place à nos éclats de rire de moins en moins naturels. Le type ne parlait plus. A bout de nerfs et quelque peu anxieuse, j’ai pris le portable dans mes mains tout en voulant lui dire que nous allions raccrocher. 

Jusqu’au moment où nous avons clairement commencé à entendre l’écho de ma voix venant directement des escaliers. À travers l’obscurité, un rire des plus anormaux s'est fait immédiatement entendre aussi bien dans le téléphone qu’en bas des marches, puis, quelques mots prononcés d’un air tétanisant ont suivi : « C’est alors que la jeune femme se rendit compte qu’elle avait oublié son portable dans la salle de bains ». Complètement terrifiées, nous sommes précipitamment sorties de la maison par la baie vitrée du salon. Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre que ce type nous avait appelées avec mon téléphone resté au premier étage.

Evidemment, la police n'a trouvé personne à l’intérieur. Je n’ai malheureusement pas pu leur décrire l’individu ni même expliquer comment il aurait pu s’introduire dans la maison. Mes amies sont finalement rentrées chez elles. Mon père m’a ensuite accompagnée à l’intérieur de la maison afin de récupérer mon portable. Il était sur la première marche des escaliers. Juste à côté se trouvait un calepin. A l’intérieur, l’individu y avait fait un folioscope. Les dessins représentaient un personnage en mouvement et se dirigeant vers une autre personne, une fille qui semblait être couchée sur son lit. Plus je faisais défiler les pages, plus le personnage de gauche se rapprochait jusqu’à ce qu’il se tienne devant le lit. La fille était alors représentée comme un ange flottant au-dessus de son lit qui, quant à lui, était maintenant rempli de sang. 

Toujours sous le choc et après avoir réussi à persuader mes parents, nous avons dormi chez ma tante. Ne trouvant pas le sommeil, mes amies et moi reparlions de ce que nous venions de vivre lorsque j'ai reçu un message sur Happn de la part de Quentin. Il se trouvait maintenant à plus de 5km de ma position. « Hey, comment tu vas ? » m'a-t-il demandé. J’étais toute contente d’avoir enfin un message de lui alors je lui ai répondu sans tarder en lui expliquant ce qui s’était passé ce soir-là. Nous avons papoté toute la nuit.

Le jour suivant, je suis restée à la maison avec ma mère. J’ai remarqué que Quentin se trouvait de nouveau à moins de 500 mètres d’où j’étais. Je ne vous cache pas que je commençais à trouver cette histoire de plus en plus étrange. Je l'ai bombardé de questions sans jamais avoir une seule réponse. J’étais perturbée et je ne savais pas vraiment quoi faire. Avec tout ce qui m’était arrivé, je me posais un tas de questions. J’en devenais carrément parano. C’est alors que dans la nuit j'ai enfin reçu une réponse. « Je suis là. » me disait-il. Je me suis aussitôt placée devant la fenêtre en lui demandant où il était quand une main sortie de derrière moi s'est plaquée sur ma bouche. Cette même voix sinistre que l’autre soir m'a chuchoté à l’oreille : « ici. » Je me suis retournée vers lui en étant toujours dans l’impossibilité de dire quoi que ce soit.

Ce n’était pas lui. Ce n’était pas Quentin. Accompagné d’un grand sourire, il m'a saluée d’un ton si naturel que c'en était effrayant. Il m'a conseillé de ne pas dire un mot en me montrant le couteau dans sa poche. Il s'est alors assis sur mon lit et a sorti l’arme de sa poche. Je me suis collée contre le mur en ne le quittant pas des yeux. Il a retroussé les manches de son sweat, ses bras étaient recouverts d'un nombre incalculable de cicatrices. Il a pris son couteau et s'est mutilé devant moi. L'homme a tenté de me rassurer en confirmant que ça ne faisait pas mal et m'a demandé si je voulais essayer. Il a ajouté également qu'il ne ferait aucun mal à mes parents ainsi qu’à moi-même si j'acceptais sa proposition. Je me souviens avoir jeté un rapide coup d'œil vers la porte. Il s'est levé et m'a déconseillé de faire ça. 

Ensuite, il s'est approché de moi en me tendant le couteau. Toute tremblante, j'ai pris son arme et cherché inconsciemment à le poignarder. Il m'a stoppée sans grande difficulté puis m'a retroussé les manches brusquement en me couvrant de nouveau la bouche. Apeurée et totalement impuissante, j'ai fermé les yeux afin de me mutiler le bras droit. Quand j'ai essayé d'arrêter, il m'a forcée à faire le contraire. Au bout d'un certain temps, je n'ai plus ressenti la douleur. J'ai même oublié qu'il était devant moi. Pourtant, je continuais. Je sentais le sang couler sur ma peau. Je me sentais fatiguée, à bout de souffle. Je ne me souviens de rien jusqu'à mon réveil à l’hôpital. Ce sont mes parents qui m’ont trouvée dans  ma chambre les bras entièrement ensanglantés.

En expliquant la situation aux policiers, l'un d'eux m'a coupé la parole en m’annonçant que Quentin, la personne à qui je croyais parler, avait été retrouvé mort il y a trois jours maintenant. Il semblait s'être suicidé non loin de chez lui. Son collègue a précisé qu'il n'y avait pas moins d'une centaine de coupures au niveau de ses bras comme sur les miens. Je me suis alors souvenue que j’avais déjà vu sa photo sur plusieurs affiches signalant sa disparition il y a quelques semaines maintenant. 

Depuis cette nuit, je n’ai plus jamais voulu rester toute seule chez moi ni sortir de ma chambre lorsqu’il faisait nuit. Faut dire que cette histoire m’a réellement traumatisée, mais, j’en avais marre que ma mère vienne systématiquement dans ma chambre quand je dormais.

Chaque matin je retrouvais ma porte déverrouillée. Après tout, ce n’était pas pour rien si je m’enfermais à clef. Justement, ça me rassurait plus qu’autre chose. Elle s’en faisait trop pour moi mais je pouvais la comprendre. Lorsque je lui ai demandé si c’était elle, elle s'est mise à rire et à me dire : « chérie, tu vas pas me faire croire que tu ne sais pas fermer une porte à clef ? Je te rappelle qu’il y en a qu’une seule pour ta chambre, celle que tu poses sur ta table de nuit avant de dormir ! »

Aujourd’hui, je ne veux même plus retourner chez moi tant que l’homme qui a tenté de provoquer mon propre suicide n’a pas été trouvé. Je vis actuellement chez ma tante.


lundi 3 octobre 2016

Le plan parfait

Lundi, j'ai élaboré le plan parfait. Personne n’était au courant que nous nous connaissions.
Mardi, il a volé le flingue de son père.
Mercredi,  nous avons décidé de le faire pendant l'assemblée des élèves du lendemain.
Jeudi, nous avons attendu devant les portes du gymnase. Nous avions convenu que j'abattrais le premier qui sortirait du bâtiment, puis il prendrait le flingue et entrerait dans le gymnase pour commencer le massacre.
La personne qui était sortie la première était Mr Quinn, le conseiller d'orientation. Je lui ai tiré 3 fois en plein dans le visage. Il est tombé raide mort dans le gymnase. Le bruit déclenché par les coups de feu était assourdissant. J'ai entendu des cris à l’intérieur.
Personne ne nous avait encore vu. Je lui ai tendu le flingue en lui disant : "C'est ton tour, maintenant !". Il a couru dans le gymnase et a commencé à tirer.
Après un moment, je l'ai suivi.
Il n'avait encore touché personne. Les élèves se bousculaient et se cachaient. C’était le chaos.
Puis, j'ai couru vers lui et je me suis jeté sur lui. Nous nous sommes battus. J'ai arraché l'arme de ses mains, l'ai retournée contre lui, et ai pressé la détente, le réduisant ainsi au silence pour toujours.
Le Vendredi, j'étais acclamé en héros.


C’était vraiment le plan parfait.



Traduction : Kamus

Texte original ici.

samedi 1 octobre 2016

Au bureau

Je ne sais toujours pas quoi penser de ce qu'il m'est arrivé la nuit dernière. Pour vous replacer le contexte, quelques problèmes personnels m'ont fait prendre du retard sur mon travail, alors ce soir-là, j'avais décidé de rester tard au bureau. Mon lieu de travail s'est lentement vidé jusqu'à ce que je me retrouve seule dans ce grand bâtiment. J'ai réussi à boucler plusieurs dossiers en peu de temps, et en regardant l'horloge accrochée au-dessus de ma tête, j'ai constaté qu'il me restait un peu de temps avant que mon fiancé vienne me chercher. Le quartier étant mal fréquenté, et n'ayant rien à faire dehors, je n'ai pas eu d'autre choix que de patienter ici.

Peureuse de nature, je n'étais pas enchantée à l'idée de rester seule dans un endroit tout sauf rassurant la nuit, mais je suis descendue rejoindre ma grande amie, la machine à café du premier étage. Au moment où j'allais entrer dans l'ascenseur, j'ai entendu un gros boum, comme si quelque chose était tombé. J'ai pris mon courage à une main (l'autre tenant le gobelet) et suis remontée voir ce qui avait causé ce boucan.

Un rire nerveux m'a échappé quand j'ai compris ce qu'était la source de mon inquiétude. Les cris masculins que j'entendais me certifiaient que finalement je n'étais pas si seule et que deux de mes collègues étaient en train de s'envoyer en l'air. Gênée, j'ai fermé la porte qu'ils avaient laissé entrouverte en détournant le regard. Ils n'ont pas eu l'air de remarquer quoi que ce soit car les bruits me confirmaient qu'ils étaient encore en pleine action. Je me suis alors rappelée que cette porte était très dur à ouvrir de l'intérieur, et qu'ils allaient avoir du mal à sortir une fois leurs ébats terminés. Tant pis, ils finiraient bien par y arriver et ça leur apprendrait à faire ça ici.

Voyant qu'il était l'heure de m'en aller, j'ai pris mon manteau et suis descendue pour attendre mon fiancé. Ce n'est qu'aujourd'hui en arrivant au bureau que j'ai compris ce qu'il s'était réellement passé. Le corps d'une de mes collègues avait été retrouvé ce matin. D'après les policiers et les médecins sur place, elle aurait été frappée violemment à la tête et violée. Ils l'ont retrouvée bâillonnée et nue. Ils pensent qu'elle a tenté de s'enfuir car la porte est marquée de griffures et est abîmée, comme si quelqu'un avait donné des coups dedans. Ils m'ont posé quelques questions auxquelles j'ai répondu entre deux sanglots, en omettant de mentionner ma présence la veille. Je leur ai dit que j'étais vraiment désolée pour ce qu'il lui était arrivé.

« Vous n'avez pas à être désolée, vous savez bien que vous n'auriez rien pu faire. »