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dimanche 29 mars 2015

Threedrowned

Image extraite d'une vidéo postée sur le compte YouTube "threedrowned".

Jour 1

Aujourd'hui les choses ont commencé à devenir bizarres.

Avant d'en dire plus, j'ai besoin d'écrire un peu de ce qui a précédé. Il y a a peu près deux semaines, je suis revenu des vacances de la Toussaint. Durant la première semaine, mon ami Owen n'était pas venu en cours.

Il ne répondait pas à mes textos, ni à mes appels, et pour autant que je sache il n'était sur aucun réseau social. Pendant un moment, j'ai fais comme si de rien n'était, parce que beaucoup de familles qui étaient parties pour les vacances n'étaient pas encore revenues.

Pourtant, la semaine d'après, Owen était toujours absent. J'ai demandé à certain de mes amis s'ils savaient où Owen était parti pour les vacances, et personne ne pensait qu'il avait ne serait-ce que voyagé pendant ces vacances.

Owen et moi étions des commentateurs de jeux. On est sur internet, je suppose que je n'ai pas besoin de vous expliquer ce que c'est. On avait décidé de mettre les liens de nos chaînes YouTube dans la bio de nos comptes Xbox Live pour nous faire un peu de pub. La dernière fois qu'il s'était connecté, c'était deux jours avant la fin des vacances.

Ça voulait dire que Owen n'était parti nulle part pendant ces vacances. J'ai aussi remarqué que le lien dans sa bio avait changé pour un autre compte YouTube. La bio disait "www.youtube.com/user/threedrowned". Ne tenant plus à cause de ma curiosité, je suis allé voir sur le compte, et à ce moment là il y avait seulement trois vidéos de disponibles.
J'ai regardé la première qui était nommée "Wonderland".

La vidéo était étrange. Elle commençait en montrant des photos bizarres d'une pièce sombre, puis embrayait sur des extraits d'un vieux film en noir et blanc basé sur "Alice au pays des merveilles". La vidéo avait l'air corrompue à cause des couleurs qui changeaient parfois radicalement.
Le fond sonore était composé de ce qui semblait être des rires d'enfants et des chants joyeux. La vidéo s'arrêtait alors que l'écran affichait ce texte : "Je les guide jusqu'au pays des merveilles".




La deuxième vidéo, "le trou du lapin", était probablement la moins bizarre de toutes, ce qui n'est pas peu dire.
C'était filmé caméra à l'épaule. La personne marchait de jour autour d'une maison totalement délabrée. L'endroit était vraiment décrépit, et ressemblait à une ferme abandonnée. La personne qui filmait se dirigeait vers la porte, l'ouvrait, puis il y avait une coupure. Le dernier plan était sur une descente d'escalier. Si je me souviens bien, ce plan figurait aussi au début de la vidéo. Pour une raison que j'ignore, j'ai eu comme l'impression d'avoir déjà vu cette maison avant.




J'ai ensuite regardé la troisième vidéo, nommée "The First" (la première). La plus bizarre des trois à mon avis. Elle commençait sur une main gisant dans l'eau, avec un léger bruit blanc en fond. Après quelques secondes, le bruit s'intensifiait et un autre plan se lançait. C'était Owen, marchant dans les bois.
Ce qui était vraiment bizarre, c'était que celui qui le filmait était, comme qui dirait, très loin, caché dans les fourrés, comme si Owen était filmé à son insu. Après un nouveau cut, la vidéo reprenait avec un son encore plus fort. On voyait maintenant une personne assise avec ce qui ressemblait à... du plastique sur son visage. Très en arrière-plan, il y avait quelque chose que je n'étais pas capable de discerner. Je n'étais pas sûr de ce que c'était, ni même de si c'était humain ou non, mais je pouvais voir que ça bougeait. La vidéo s'arrêtait sur cette phrase : "De plus en plus curieux".




Je me demande si la personne qui filmait dans "The Rabbit Hole" était Owen, parce qu'il tenait une caméra dans la troisième vidéo. Peut-être qu'il se dirigeait vers la maison en filmant ? Je digresse, qui que Threedrowned puisse être, il sait où est Owen, et j'ai peur que quelque chose d'horrible soit arrivé à mon ami. Aujourd'hui ça fait deux jours que j'ai vu les vidéos sur YouTube.

Comme je l'ai dit plus tôt, les choses ont commencé à devenir étranges. Pendant toute cette journée, j'ai eu l'impression d'être suivi. Même chez moi, j'ai l'impression que quelqu'un m'observe. Je vois des choses du coin de l’œil, qui disparaissent quand j'essaie de les regarder en face. Je continuerai de mettre à jour s'il se passe encore des choses.


Jour 2

Je jure que j'ai vu quelque chose. J'ai dit avant que normalement je ne voyais ces choses que du coin de l’œil, et je pouvais encore m'accuser d'être juste parano à cause de tout ce bordel avec Threedrowned. Mais pas cette fois. J'ai vu quelque chose. Pendant moins d'une seconde peut-être, mais je l'ai vu, ça ne fait aucun doute.

Je sais que quelque chose me regarde. J'ai l'impression d'être un putain de malade en faisant ça, mais je dois commencer à filmer ce que je fais. C'est le seul moyen que j'ai de comprendre ce qui se passe.

Pour empirer les choses, je crois que je perds mes affaires. J'ai remarqué que mon exemplaire d'Alice au pays des merveilles était introuvable. Et hier, un de mes couteaux de cuisine semblait avoir disparu.


Jour 3

Threedrowned a ajouté une nouvelle vidéo aujourd'hui, titrée "Journey" (voyage). Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je connais l'endroit où ça a été filmé. C'est tourné dans les bois. Après un cut, la vidéo reprend dans la maison décrépite de "The Rabbit Hole". Pas grand-chose d'autre ne se passe dans la vidéo.
La caméra s'attarde sur certaines choses, puis coupe pendant un moment. Il n'y a pas grand chose d'intéressant dans la vidéo, cependant je pense que je sais pourquoi cette maison me semble familière. Je passais devant avant quand je rentrais chez moi, et son air sinistre m'avait marqué. J'ai l'intention de retrouver cette maison demain.




Tout ça est vraiment en train de me faire perdre pied ; j'ai du mal à dormir. Aujourd'hui en cours, il y avait quelqu'un dehors qui me regardait. Il avait l'air d'être en train de parler à quelqu'un d'autre, mais du coin de l’œil, je voyais bien qu'il me regardait. J'ai essayé plusieurs fois de le prendre sur le fait en me retournant rapidement, mais il était trop rapide. À chaque fois que je tournais la tête vers lui, il détournait le regard et continuait de parler à l'autre. Comme si de rien était.

J'ai jeté un œil à la vidéo de quand je me suis filmé, et je n'ai rien pu trouver, mais je suis certain de l'avoir vu aussi à ce moment-là. Qu'est ce qui m'arrive putain ?


Jour 4

Cet après-midi, j'ai décidé d'aller voir la maison visible sur les vidéos de Threedrowned. C'était une idée stupide. Mais encore une fois, j'ai supposé que c'était mieux que d'attendre dans ma maison sans savoir quoi faire. Les portes et les fenêtres de l'avant de la maison étaient condamnées avec des planches de bois, alors j'ai essayé d'aller voir vers la porte de derrière. Celle-ci était ouverte.
La plupart des pièces de la maison semblait inhabité. Il n'y avait rien qui avait l'air important à l'intérieur. Le garage était vide, comme la plupart des pièces de l'étage où j'étais, et il n'y avait pas d'étage supérieur.

J'étais prêt à partir, un peu déçu mais très soulagé, jusqu'à ce que j'entende les pleurs d'un enfant au loin. C'était comme s'ils venaient de sous le plancher. Je n'avais même pas réalisé qu'il y avait une cave avant d'entendre les pleurs, peut-être parce que je n'avais pas remarqué la porte menant au sous-sol. J'ai regardé autour de moi pour trouver quelque chose pour me défendre, juste par mesure de sécurité.
J'ai trouvé une planche de bois, ouvert la porte qui menait au sous-sol, et j'ai descendu les escaliers.

Les pleurs devenaient plus forts. Il faisait noir comme dans un four dans la cave ; je ne pouvais presque rien voir avec la lumière venant du haut des escaliers. La seule façon que j'avais de voir mon chemin était de regarder l'écran de ma caméra, vision nocturne activée.

La cave était extrêmement sale. Tout le sol était couvert de petites flaques que j'espérais être de l'eau. Des chaises cassées couvraient le sol. Il y avait du lierre qui poussait sur le mur du fond, et des poupées épinglées au mur, avec le lierre qui s'enroulait autour d'elles. Ce que j'ai trouvé le plus dérangeant, c'était la table au centre de la pièce. Elle était couverte de marques de griffures et des dents étaient éparpillées sur toute la surface.

Il y avait une porte sur le mur du fond. C'est de là que venaient les pleurs d'enfant. Heureusement que le lierre ne la recouvrait pas, ça aurait rendu les choses difficiles. Au moment précis où j'ai mis ma main sur la poignée de porte, l'enfant s'est arrêté de pleurer. Je n'ai pas vraiment réfléchi et j'ai ouvert la porte.

Ce n'était qu'un placard, avec un très vieux landau au centre. Le landau contenait un tas informe de couvertures et j'ai fouillé dedans, en essayant de trouver le bébé qui pleurait. Je n'ai rien trouvé hormis le livre que j'avais perdu plus tôt.

Quelque chose m'a alors attaqué par derrière. Je n'ai pas pu voir qui ni quoi, il faisait trop sombre.
Et je n'ai pas pu regarder à travers ma caméra, malgré tous mes efforts pour le faire. Après quelques secondes de lutte, j'ai réussi à lui asséner un coup avec la planche et j'ai profité de ce qu'il était sonné pour prendre la fuite.

J'ai essayé de courir pour remonter les escaliers mais c'était difficile de trouver où ils étaient : le temps avait l'air de s'être beaucoup assombri dehors. Le temps de sortir, je me suis aperçu en effet que la nuit était déjà tombée. Même si j'étais venu dans la maison tôt dans l'après-midi, d'une manière ou d'une autre, j'étais resté jusqu'à 21h sans même m'en apercevoir. Je savais pas si ce qui m'avait attaqué me suivait toujours, mais je n'ai pas regardé derrière moi. Pas avant d'être dans ma voiture et de démarrer.

Je viens de revoir ce que j'ai filmé tout à l'heure, pour prendre des notes sur tout ce que j'avais pu voir dans la maison. Ce n'est pas ce que j'ai trouvé qui est important, mais ce que je n'ai pas trouvé. Toute la partie dans la cave a disparu. Ça a l'air de couper à peu près au moment où j'ai commencé à entendre les pleurs, et c'est comme si j'avais l'air de vouloir partir quand ça coupe. Je ne me rappelle pas être allé vers la sortie à ce moment. Le reste de ce que j'ai filmé aujourd'hui (la cave, l'attaque, et moi rentrant à la maison) est complètement absent. Maintenant, je ne sais vraiment pas quoi penser. Est-ce que j'ai juste rêvé tout ce qui s'est passé dans la cave ?


Jour 5

Oubliez ce que j'ai dit à propos de "Journey". Je ne sais pas ce qui se passe. Je croyais avoir regardé la vidéo dans sa totalité, et j'étais sûr que rien ne venait après l'écran noir qui arrivait dans les dernières secondes. J'ai revu la vidéo aujourd'hui, et après une minute de cet écran noir, quelque chose d'autre arrive. La partie après la séquence en noir provient de ma caméra. Je le sais, parce que ces plans sur ma chambre (qui est au premier étage, ça me semble important) font partie de ce que j'ai filmé de moi-même depuis le jour 2. Je suis en train de dormir dans mon lit. Puis quelque chose apparaît derrière la fenêtre de ma chambre, doucement. Ça regarde à l'intérieur, puis ça repart en silence. Après quelques secondes de plus, la vidéo se termine.

J'ai peur. Je suis plus paranoïaque que jamais. Avant, je pensais qu'il y aurait une explication très simple à tout ce bazar. Que j'allais bientôt me réveiller et avoir un putain de fou rire en pensant à ce cauchemar. Mais non. C'est pas un rêve. Quoi que puisse être Threedrowned, ça a pris ces vidéos sur ma propre caméra. Ça sait où j'habite, et qui je suis. C'en est une preuve. Je sais pas ce qui est arrivé à mes autres vidéos, mais je pense que Threedrowned y est pour quelque chose.

J'ai pensé que j'en avais assez vu pour prévenir la police. J'avais mon téléphone, et j'étais prêt à passer mon appel, quand j'ai vu le couteau manquant sur la table de ma cuisine ; il était couvert de sang séché. Juste à côté, une note avait été déposée, tracée au crayon noir.

"Si j'étais toi, je ne le ferais pas, l'ami."


Jour 6

Ça a mis beaucoup de vidéos sur la chaîne aujourd'hui. Elles proviennent toutes de ma caméra. Je le vois dans les vidéos. ça me regarde. encore, encore, encore et ça continue. Je suis sur un manège. Il n'y a pas de fin. Je ne suis même plus capable de dormir. Je ne peux aller nulle part. Pourquoi je devrais ? Dans quel but ? Ça me regarde. Pas d’échappatoire. Je ne peux parler à personne, ça les attraperait aussi. Qu'est ce que ça attend de moi ? arrête ça maintenant. S'il te plaît, laisse moi juste seul. Est-ce que ça lui fait plaisir de me voir comme ça ? De me regarder me tordre de douleur ? Est-ce que ça lui plaît de me voir souffrir comme ça ? IL y a un corps Dans ma salle de bain.
Je ne sais pas comment il est arrivéici. J4Aitrouvé son couteau perdu. était couvert de sang. par pitié dieu. pitié dis moi pourquoi mes mains son pleines de sang. Porquoi je ne suis pas au lit la journée. Je me rappelle. m&intenant je me rappelle avoir filmé ces 3vidéos. Non. Je ne l' ai pas fait. je nE sUis pas uN TuEuR. je na'p. je n ai tué persone je n ai tué persone je nai tué persone je n ai tué perons je nai tué persoe j nai tuép aerson je n ai tuepersone j ai. je suis perdu dans le pays des merveilles?









Jour 7

Je m'appelle Madeline. J'ai été au pays des merveilles. Il faisait trop sombre pour voir. Je suis comme cet homme. Ce qu'il a dit est intéressant. Ça nous oblige à réfléchir. Je pense qu'on a tous besoin de réfléchir de temps en temps. Et en le voyant comme ça, je me sens désolée pour lui. C'est un pauvre petit garçon maintenant. Perdu dans le pays des merveilles. Il souffre. Il veut que le sang sur ses mains disparaisse, mais ça ne veut pas partir. Il ne sait même pas comment ce sang est arrivé là. Bien sûr, il a l'air d'être un drôle de personnage, n'est-ce pas ? À tout le temps marcher et parler avec lui même. Ça me fait rire. Il ne les a pas remarqués. I l n'a rieen remarqu" mais il n 'y a parsone il n'ay prsonne pour l aider pas u nseule personne pour l aider pourquoiils dne l'aidnetn pa,ds


/// Jour 7:

Madeline est morte. Nous sommes tous morts. Ça a tué Madeline. Mais je suppose que je l'ai tuée, aussi. Ses beaux yeux vert clair me manquent. Ses beaux cheveux noirs. Aussi noirs et magnifiques qu'un ciel étoilé. Mon dieu, qu'elle était belle. En y repensant, en un regard j'aurais été stupéfié par sa beauté. J'aurais rêvé de passer ma vie avec cette magnifique femme. Elle est morte maintenant. Rien ne la fera revenir. Vous savez ce qui me manque le plus à propos de Madeline ? Son magnifique sourire. Je suis la poupée solitaire et pendue. Une autre traîne par terre. Où est la troisième ?

Je ne suis jamais sorti du pays des merveilles. Je me suis juste noyé. Maintenant, tout ce qu'il reste, c'est lui.


Jour 7:

Au revoir.





Traduction : Meowski

Creepypasta originale ici

vendredi 27 mars 2015

La boutique de tissus

Je suis la propriétaire d'une petite boutique de tissus sans histoire, située dans une ville dont je ne préfère pas donner l'emplacement. Je paye mon loyer, j'ai juste assez de clients pour vivre, et me permettre parfois quelques folies... Mon métier me plait.
Mais il y a quelques mois, il s'est passé quelque chose. Quelque chose dont je dois à tout prix faire part, à n'importe qui, par n'importe quel moyen.


C'était un samedi, je m'en souviens parce que j'allais justement fermer boutique afin de profiter de la soirée, n'attendant plus de client en cette heure tardive. Quand ils sont entrés. Un homme, grand, mince, qui semblait terriblement stressé. Et un enfant, qui suivait. L'enfant, surtout, m'a frappé. Il était... Silencieux. Terriblement silencieux. Il avait un crayon rouge et un paquet de feuilles de papier dans la main. Tellement menu, mais un visage si sérieux et inexpressif, que j'ai été incapable de lui donner un âge. Je dirais de huit à douze ans. Il ne gesticulait pas, ne parlait pas, ne faisait rien comme les garçons turbulents de son âge. J'adore les enfants, j'aurais moi-même adoré en avoir, mais pour rien au monde je n'aurais voulu adopter celui-ci. Il semblait trop... étrange.
L'homme s'est avancé vers moi, et m'a tendu la main. Quand je l'ai serré, j'ai remarqué qu'il était incroyablement crispé, et ça m'a mise mal à l'aise. Il s'est présenté [je le nommerai J. ici], et m'a demandé si je pouvais lui fournir un tissu. Pour détendre l'atmosphère, j'ai plaisanté sur le fait qu'il se trouvait justement dans une boutique de textile artisanal, mais ça ne l'a même pas fait sourire. Il s'est contenté de me demander si je pouvais lui montrer mes échantillons, ce que j'ai accepté.
J. se baladait partout, touchait tous les tissus, semblait faire tout pour retarder l'heure de l'achat. Moi, je regardais l'horloge avec une certaine impatience : j'avais hâte de fermer.
Pendant ce temps, l'enfant le suivait. Il ne manifestait aucun intérêt pour rien, se contentant de toujours fixer le dos de l'homme, que je présumais être son père, d'une manière très dérangeante. Il ne me regardait pas.
Un peu pressée, j'ai demandé à l'homme ce qu'il souhaitait acheter. Il a sursauté, comme s'il avait oublié ma présence, avant de bégayer une réponse inaudible. Puis, J. se remit à flâner dans mes échantillons.
J'avais à ce moment là compris que quelque chose n'allait pas. Vu le malaise de l'homme, je commençais à croire qu'il était un pédophile, ayant enlevé un enfant. Mais le garçon n'essayant pas d'attirer mon attention, et l'homme ne semblant pas pressé de partir, j'en ai déduit que ce n'était pas ça. À un moment, le petit s'est collé brusquement à J., ce qui l'a fait bondir. Il a jeté un regard terrifié au gamin - réellement terrifié. Et c'est là que j'ai saisi : c'était l'adulte qui craignait l'enfant. Pas l'inverse.
"Je... Je... Vous n'avez pas autre chose en boutique ?" m'a demandé J. d'une voix éteinte.
Je lui ai indiqué que j'avais d'autres tissus à l'arrière, dans la réserve, et qu'il pouvait aller voir s'il le souhaitait. Il a acquiescé presque immédiatement, et s'est dirigé vers la porte. L'enfant suivait, mais je me suis interposée.
"Il y a des ciseaux et toutes sortes d'outils dangereux dans cette pièce. Je préférerais éviter qu'un enfant y entre."
J'ai cru que l'homme allait objecter, mais il a au contraire donné son accord avec une précipitation suspecte.
"Tu... Tu vas dessiner avec la dame... Je reviens..." a-t-il marmonné à l'intention du garçon.
Je jure avoir vu ses mains trembler.


Le gamin a alors levé les yeux vers moi, et m'a regardé. Et j'ai tout de suite eu envie d'être ailleurs. Autre part qu'ici. Loin de cette chose.
Puis, l'enfant s'est installé par terre, et a commencé à dessiner, pendant que je me traitais de tous les noms pour avoir pu penser quelque chose d'aussi horrible.
J. est entré dans la réserve, et j'ai hésité entre le suivre et rester. Au final, j'ai décidé de tenir compagnie à l'enfant : après tout, on était jamais à l'abri d'un accident, et ce n'était pas comme si l'homme pouvait s'enfuir avec mes produits.
Pendant l'attente, je regardais l'enfant dessiner par dessus son épaule. Il avait un trait brouillon, mais, à ma grande surprise, une très jolie écriture. Son premier dessin représentait
, je crois, un chevalier assaillant un dragon pour délivrer une princesse. Il avait dessiné une bulle au dessus de la tête de la princesse, et écrit à l'intérieur "À l'aide", d'une manière raffinée qui contrastait avec son dessin simpliste. Quand il a eu terminé ce dessin, il a pris une autre feuille, et a commencé à tracer des cercles et des carrés dessus.
J. est alors ressorti en trombe de la réserve. Il avait l'air paniqué. Il m'a regardé droit dans les yeux, s'est arrêté, et a marmonné :
"Pas encore choisi..."
Il s'est dirigé vers l'enfant et, à ma grande surprise, a pris ses deux dessins, avant de rentrer à nouveau dans la réserve. Le garçon l'a laissé faire, le regardant partir d'un air toujours aussi plat et morne. Puis, une fois que J. a été hors de vue, il a continué à dessiner sur sa troisième et dernière feuille. Par curiosité, j'y ai jeté un coup d'oeil.
Ses traits s'étaient précisés. Vraiment. On aurait dit un dessin d'adulte, de professionnel. Ça représentait un pont, et en dessous du pont, un corps. Il y avait un arbre près du pont, et, pendu à cet arbre, une longue corde. Je ne sais pas si c'était du tissu, mais ça y ressemblait. Le garçon a remarqué que je le regardais, il a levé les yeux, et m'a souri.
Je crois qu'il avait les dents pointues, et ça m'a fait me redresser.
Lentement, il s'est levé, et a commencé à se diriger vers moi. Mais J. est ressorti, portant un rouleaux de tissu vert sombre.
"C'est ça !" il a hurlé d'une voix aigue."C'est celui-ci que je veux."
Pressée de voir partir l'enfant, je me suis dirigée d'un pas vif vers le comptoir. Je sentais le regard du petit sur ma nuque.
J'ai regardé, puis donné le prix. L'homme, avant de payer, a tenu à me serrer la main une dernière fois. J'ai senti un morceau de papier dans ma main, et j'ai aussi senti la sueur sur sa peau. Il m'a jeté un regard que je n'oublierai jamais, un regard désespéré.
"Vérifiez le prix une dernière fois, s'il vous plaît." il a murmuré. "Je voudrais être sûr que vous ne vous trompiez pas..."
En gardant le papier dans ma paume, sans comprendre, je me suis retournée et j'ai vérifié le prix. Je ne m'étais pas trompée. Mais quand j'ai regardé de nouveau derrière moi, mes clients s'étaient volatilisés, et un paquet de billets était posé sur le comptoir.
J'ai regardé le papier. C'était une partie du dessin de l'enfant, découpé à la hâte. Sans doute grâce aux ciseaux dans la réserve.


La bulle de la princesse.


"À l'aide."










Par acquis de conscience, j'ai appelé la police, et leur ai fait mon récit en donnant le nom de J. L'homme au téléphone m'a paru sceptique.
Deux jours plus tard, ils m'ont rappelé, disant que mes informations les intéressaient.
Après avoir progressivement cessé de communiquer avec ses proches, J. avait été retrouvé pendu à un arbre, près d'un pont. L'autopsie révélait qu'il avait été étranglé de force, puis pendu. Les derniers à l'avoir vu affirmaient tous qu'il était en compagnie d'un enfant, mais étaient incapables, tout comme moi, de donner une description exacte.

La corde était faite du même tissu que celui qui m'avait été acheté.


mercredi 25 mars 2015

L'homme aux dents de fer

18 février 1985 - Témoignage de Julien *****, nuit du 17 au 18 février, à proximité de Paris.

Il pleuvait énormément et j’avais beaucoup de mal à voir la route. J’allais m’arrêter, avant de voir cette personne sur le bas-côté. Ce qui était bizarre chez cet homme, c’était qu’il marchait sans se soucier de la pluie et du vent. Il avait des cheveux très courts. Il portait une veste en cuir marron, un pantalon jogging noir avec deux lignes blanches sur chaque côté et des baskets noires salies par la boue. Donc rien d’inquiétant à première vue.
J’éprouvais un peu de pitié pour lui. J’ai donc ralenti et je lui ai proposé d’entrer. Il m’a regardé dans les yeux et j’ai eu la peur de ma vie. Il n’avait pas d’iris ! Tout ce qu’on voyait dans ses yeux, c’était deux points noirs au centre du blanc de ses yeux. Je n’avais d'ailleurs pas remarqué à quel point il était grand. Sa veste était ouverte, son chandail était noir. Il m’a souri et j’ai flippé. Ses dents étaient couvertes de taches qui ressemblaient à de la rouille. Il a ensuite donné un coup de poing dans la vitre opposée à la mienne. Aucun sang n’a coulé de sa main ! Pourtant, j’ai bien vu les morceaux de verre rentrer dans sa peau.
J’ai accéléré d’un coup sec. Je roulais, je roulais sans m’arrêter.
J’ai roulé pendant une minute entière avant de m’arrêter. Je suis sorti de ma voiture et j’ai regardé derrière moi. Je n’ai pas vu cette chose se diriger vers moi. J’ai appelé la police et je leur ai raconté l’histoire. Ils avaient l’air sceptique, mais je sais ce que j’ai vu. Je ne suis pas fou, je sais ce que j’ai vu.


Extrait d’un journal de Philadelphie, 14 mars 1989.

 
Jennifer *****, résidente dans l'University City, a été déclarée morte ce matin, à moitié dévorée. D'après les témoins, un homme serait entré dans son appartement accompagné d'un animal d'allure agressive. Sa famille a refusé de nous accorder une entrevue. [...]


Notes d’un enquêteur en charge du meurtre de Jennifer *****.

Aucune trace des pattes de l'animal, bien que les traces de pas de l'homme abondent dans tout l'appartement. Les marques présentes sur le corps de la victime sont des marques de dents humaines. Je n’ai aucune explication pour le moment.



Description d’une vidéo filmée avec une caméra de sécurité à Beijing, 29 mars 1989.

Un sans-abri est couché dans une boîte en carton au bord d'une voie fréquentée, de nuit. Il est 3h34 du matin. Le sans-abri se réveille et regarde autour de lui. Il se lève, s’étire et sort une bouteille d’alcool de son sac. Il commence à boire. Un homme s’approche du sans-abri. Le SDF remarque la présence de cet homme et lâche sa bouteille. Il recule. L’homme se jette sur le SDF et lui mord le cou violemment. Le mendiant hurle de douleur et se laisse tomber par terre. L’homme crache le morceau qu’il a dans la bouche et mord la pomme d’Adam du sans-abri. L’homme se relève, s’essuie la bouche, regarde la caméra et sourit. L’homme part. Le mendiant agonise pendant 4 minutes avant de rendre l’âme.


Extrait du journal intime de Lucy *****, entrée datée du 12 mai 1991, Pittsburgh.

Cher journal,
J’ai l’impression qu’il me suit partout. J’étais dans ma classe et je m’ennuyais. J’ai regardé par la fenêtre et je l’ai vu me sourire avec ses dents toutes rouillées. Je me suis frotté les yeux et il avait disparu. Je rentrais à la maison et j’ai regardé derrière moi. Il me regardait avec son horrible sourire. J’ai accéléré et je me suis retournée une nouvelle fois. Il avait disparu ! Maintenant, je regarde par ma fenêtre et je le vois. J’ai beau fermer les yeux, regarder ailleurs, il est toujours là. J’ai appelé la police.

Le journal de Lucy ***** s’arrête là. La date du 12 mai 1991 correspond à celle du meurtre. Le meurtre a eu lieu dans sa chambre si on en juge par les marques de lutte. Du sang était présent sur son tapis. Le corps n'aurait été emmené dans la salle de bain qu'après le décès, et immergé dans la baignoire. Nombreuses traces de morsures partout sur le corps. Des traces de salive humaine ont été retrouvées sur tout son corps, mais celle-ci n’appartient à personne dans les bases de données de la police.


Témoignage de Bob *****, interviewé par Jason ***** le 14 août 1992 à Orlando.

J : Merci de m'avoir accordé cette interview, Bob.
B : De rien, ça enregistre là ?
J : Oui, on va commencer.
Premièrement, j’aimerais que vous m’expliquiez votre rencontre avec cet ‘'homme''.
B : D’accord. J’étais dans ma camionnette et je roulais jusqu’à chez moi. Il était environ 21h30 et il faisait très noir ce jour-là. Même avec les phares allumés, je ne voyais presque pas la route. Puis, j’ai cru voir une silhouette en plein milieu de la route. J’ai ralenti et je l’ai vu. Il était… si grand ! Au moins 2 mètres ! Je me suis approché, un peu inquiet tout de même, et je lui ai demandé si tout allait bien. Il m’a regardé et j’ai flippé dès que j’ai vu ses yeux. Pas d'iris, et presque pas de pupille ! Il a souri et ses dents… oh mon dieu, ses dents… elles étaient rouillées. C’était du fer rouillé. Je me suis éloigné et il s’est jeté sur moi. Je me suis battu du mieux que je pouvais, mais il était beaucoup trop fort. Il m’a mordu le bras très violemment. J’ai hurlé de toutes mes forces. Une voiture de police est arrivée juste à temps. Mon agresseur a fui dans les bois pendant qu’un policier le suivait. Je me suis évanoui. Je me suis réveillé à l’hôpital, mon bras dans le plâtre. Je suis resté dans cet état un certain temps. Quelques mois avant cette attaque, j’avais reçu un traitement contre le tétanos, je suis bien content de l’avoir eu d’ailleurs.
J : Aujourd’hui, vous savez ce qui vous a attaqué ?
B : Non.
J : Comment vous sentez-vous depuis cette attaque ?
B : Je ne veux pas en parler.
J : Avez-vous changé depuis cette attaque ?
B : Je veux arrêter ça là, s’il vous plaît…
J : *soupir* Entendu, merci pour cet interview Bob.



Cahier de notes de John *****, agriculteur dans l'Ohio, écrit le 19 février 1993

C’est étrange. Je le vois parfois, il est proche de mes terres, de mes animaux, de ma maison. Ce qui est étrange chez cet homme (si je peux appeler ça comme ça), c’est son physique. Trop grand. Puis, ses yeux, aucun iris et presque aucune pupille. Mais le plus effrayant chez lui, ce sont ses dents. Rouillées et pointues. Il me fait peur. Depuis qu'il s'en est pris à mes vaches, je sais qu'il va finir par s'attaquer à moi.

Ce connard n’est pas réapparu. Maintenant, à cause de lui, la police croit que je ne suis qu’un menteur qui leur fait perdre du temps. Il est peut-être parti. Je dois m’occuper des animaux.

Tout comme Lucy, le journal de John s’arrête là. Il a été retrouvé mort, sous son lit. Le combat s’est déroulé dans le salon de John. Sa table
ainsi que sa télé ont été fracassés. Le corps porte des mutilations sévères à la jambe droite ; le fragment de muscle retrouvé dans le salon semble en provenir. Les traces de sang montrent que le meurtrier l’aurait emmené dans sa chambre puis sous son lit. Il se serait vidé de son sang à cet endroit. Le meurtrier est introuvable, mais vous savez, tout comme moi, qui était le tueur.


Interrogatoire de la jeune Susan *****, le 14 juillet 1995 à New-York.

N-B : I= Interrogatrice S= Susan

I: Susan, j’ai besoin que tu sois très coopérative avec moi. Tu dois m’aider pour que je retrouve le méchant qui a fait du mal à tes parents.
S : D’accord.
I : Premièrement, j’ai besoin que tu me parles de toi. Tu as quel âge ?
S : 6 ans.
I : Et comment était ta relation avec tes parents ?
S : Je m’amusais beaucoup… je les aimais.
I : On va maintenant passer à la partie difficile. J’aimerais que tu me racontes la nuit où le méchant monsieur est entré chez toi et a tué tes parents.
S : D’accord… Je rêvais du voyage qu’on allait faire à Disneyland. Papa et maman m’avaient promis de m’emmener là-bas… Ils avaient acheté les billets. On devait partir le 18 juillet, dans 4 jours. J’ai entendu… la fenêtre d’en bas se casser. J’ai entendu papa et maman parler très rapidement. Papa a dit qu’il prenait le fusil. Maman est venue me chercher pendant que papa descendait avec le fusil. Maman m’a cachée sous mon lit. Elle m’a dit qu’elle reviendrait vite. Et puis j'ai entendu un coup de fusil en bas. Maman… a lâché un cri avant de descendre en courant. Je voulais savoir ce qui se passait, je suis donc descendue à mon tour. Je suis descendue tout en bas et j’ai vu… papa, par terre, il se tenait le cou en regardant le plancher. Du sang coulait de sa bouche et de son cou. J’ai pleuré quand je l’ai vu comme ça. J’ai entendu maman me parler. Je l’ai regardée et... Maman était assise par terre et un homme lui mangeait le cou. Elle m’a dit de partir, mais j’avais …trop peur. L’homme a lâché Maman et a marché vers moi. Il était géant. Il était chauve et je pouvais voir des coupures sur son crâne. Il avait une veste déchirée. Ses baskets étaient noires et elles n’avaient pas de semelles. Ce qui faisait peur chez lui, c’était ses yeux et ses dents. Ses yeux étaient juste blancs. Ses dents étaient toutes rouillées et pointues. [Elle pleure.] Il m’a souri, m’a caressé la tête et est parti par la fenêtre. Après les policiers sont arrivés.
I : Tu es sûre de ton histoire ?
S : Oui.
I : Très bien, nous allons enquêter. As-tu des questions ?
S : Oui, une.
I : Laquelle ?
S : Quand est-ce que papa et maman vont revenir ?
I : …




Description d’une vidéo filmée par la caméra d’un chasseur, datée du 12 septembre 1999.

Le chasseur lance la vidéo ; on peut supposer qu'il est équipé de sangles fixant l'appareil sur sa poitrine étant donné qu'il a les mains libres. Il se promène dans la forêt et parle de ses méthodes de chasse à voix basse. Vers la cinquième minute, il pose un piège par terre et recommence à marcher. Aux alentours de la dixième minute, il annonce en chuchotant qu'il vient d'entendre un bruit. Il s’accroupit et s’approche de la source du bruit. 1 minute plus tard, il voit quelqu’un marcher. Il s’approche et le salue. L’homme se retourne et le chasseur pousse un cri en lâchant plusieurs jurons. Le grand homme s’approche lentement du chasseur. Le chasseur commence à courir en jurant encore. Des bruits de pas très rapides se font entendre derrière lui. Le chasseur se retourne et tire sur l’homme, lequel poursuit sa course comme s'il n'avait rien senti. Le chasseur recommence à courir. Il est presque arrivé à son camp, mais son pied se fait prendre par le piège qu’il avait posé plus tôt. Le chasseur jure en pleurant. Il lance la caméra loin, juste assez pour voir le spectacle. Le grand homme se penche près du chasseur. Le blessé supplie l’homme de l’épargner. Le monstre mord très violemment le cou du pauvre chasseur. Ce carnage dure 5 minutes avant que le chasseur meure et que l’homme se lève. Il s’approche de la caméra, montre son visage recouvert de sang et sourit en montrant toutes ses dents rouillées et pointues. Il éteint la caméra.

Cette caméra a été retrouvée par un groupe de randonneurs. Le corps du chasseur n’a pas été retrouvé.


Interrogatoire de Shane *****, 14 octobre 2000, Vancouver.

N-B : I = Interrogateur S= Shane

I: Bonjour monsieur *****
S: Euh…bonjour…
I: Vous allez bien?
S : Oui, oui. Je suis juste un peu choqué par… ça!
I : D’accord. Je vais d’abord vous poser quelques questions à propos de vous et vos amis.

[...]

I : Maintenant, racontez-moi ce que vous avez vu.
S : Avec tous les détails?
I : Je vous prie.
S : J'étais à la chasse avec 3 amis. On a entendu du mouvement à notre gauche, ou notre droite, je crois que c’était la gauche. On a pensé à un cerf. On s’est avancés et on a vu un homme marcher. Il mesurait au moins 2 mètres. Comme on était un peu saouls, on a… tiré à quelques mètres de lui.
I : Pardon?
S : On était saouls! Je suis désolé…
I : Nous n’avons pas le temps de régler ce problème, continuez votre histoire.
S : Donc, on a tiré. Il n’a absolument pas réagi. Il s’est juste arrêté, mais il n’a pas sursauté ou quelque chose comme ça. Il s’est retourné vers nous et on a tous crié. Ses yeux étaient blancs. Aucune pupille, ni iris. On a pas juste crié à cause ça. Il s’est retourné en souriant. Ses dents étaient bizarres. J’ai paniqué. Austin criait comme une petite fille pendant que les deux autres se pissaient dessus. Il est resté immobile 5 secondes avant de nous sauter dessus. Il a mordu le cou d’Austin très violemment. Moi et les autres étions paniqués. J’ai pris ma machette, au lieu de mon fusil, et je lui ai donné un coup vertical vers le crâne. Je ne regardais pas, je ne lui ai coupé que la joue droite, je crois. Il a commencé à hurler en se tenant la joue. Il est tombé à genoux en criant de plus en plus fort. On a attrapé Austin et on s’est cassés. On a parcouru une centaine de mètres avant de ne plus entendre ses cris. Vous savez ce qui m’a fait très peur quand je l’ai coupé?
I : Non…
S : Le sang n’a pas coulé de sa joue. Même pas une goutte.


Communication téléphonique entre Steve ***** et James *****, 14 août 2002, Sydney.

S : *appel*
J : Allô ?
S : Salut mon pote !
J : Ah, salut.
S : Ça va mec, t’as l’air stressé. Ta copine te prend encore la tête ou quoi ?
J : Nan, un mec bizarre me suit.
S : Bah là mec, calme-le. T’es une tapette ou quoi ?
J : Tu le vois pas. Il fait vraiment flipper.
S : Qu’est-ce qu’il a de bizarre ?
J : Il est juste… super grand.
S : T’es sérieux ? T’as peur de ça ? Tu fais pitié mec, haha.
J : Non, mais écoute… mec qu’est-ce que tu fais ?
S : James ?
J : *cri* Casse-toi ! Putain casse-toi ! *cri*
S : James ?!
J : *respiration rapide* Mec ! Appelle :inaudible:, pitié ! Je suis dans la rue :inaudible:!
S : Quoi ?!
J : Il va m’avoir avec ses putains de dents rouillées ! NON ! Laisse-moi ! *cri*
S : James ?! Putain, qu’est-ce qu'il se passe ?!
J : *rire inconnu*
S : Putain… *raccroche*

La police a retrouvé le corps de James sur le trottoir, couvert de morsures. Aucun suspect n’a été trouvé. 

 

Description d'une vidéo filmée par une caméra de sécurité à Toronto, datée du 14 novembre 2005.

Une femme se dirige vers sa voiture stationnée dans un parking. Elle semble inquiète et plutôt pressée de rentrer dans son véhicule. La femme insère ses clés dans la serrure et ouvre la portière. Elle regarde derrière elle et se dépêche d'entrer. Elle tente de démarrer son véhicule, mais elle n'y arrive pas. Un homme blanc, chauve et très grand s'approche de la voiture. Il casse la vitre et tire les cheveux de la femme. Sa bouche est grande ouverte, ce qui laisse supposer qu'elle hurle. L'homme mord l'épaule de la femme. Elle se laisse tomber par terre. L'agresseur se place sur sa victime et mord son cou avant de recracher un morceau de chair. Il recule, regardant le sang gicler de la plaie béante, avant de fixer la caméra en souriant. Ses yeux sont complètement blancs. Une tache sombre est présente sur sa joue droite. Il écrase la poitrine de la femme avec son pied avant de partir. La pauvre victime agonise pendant 7 minutes avant de mourir. Tout ceci s'est passé à 22h21, dans un parking désert.


Topic trouvé sur un forum, publié le 12 février 2009 à Nancy

Mon histoire peut paraître incroyable, mais je peux vous jurer que ça m'est arrivé. C'est arrivé il y a 4 mois. Je suis rentré chez moi après une journée
de cours épuisante. Dès mon arrivée, je me suis jeté sur mon lit pour dormir. J'allais rester seul toute la soirée. Je me suis endormi très profondément. 
J'ai été réveillé par un bruit bizarre. Je me suis levé et j'ai regardé dans mon couloir. Je l'ai vu, se tenant devant ma porte, avec son horrible sourire montrant ses putain de dents rouillées. Sa joue aussi avait l’air rouillée! J'ai sursauté et j'ai tenté de refermer la porte. Il était beaucoup trop fort. Il est entré dans ma chambre en riant. Il savait que je ne pouvais pas m'échapper. J'ai décidé de faire un truc fou. Je ne pensais pas aux conséquences que ça pourrait avoir, je voulais juste vivre. J'ai décidé de sauter par ma fenêtre. Je me suis juste lancé par l'ouverture et j'ai espéré que les buissons en bas amortissent ma chute. J'avais vu trop de films américains. 
En atterrissant, j'ai hurlé de douleur. Les branchages m'avaient ouvert une grande partie de la jambe. Le sang coulait de partout. J'avais l'impression que mes chevilles avaient explosé. Je saignais de partout. J'ai un peu rampé et j'ai continué de crier à l'aide. Les voisins sont sortis de chez eux et me sont venus en aide. Mon agresseur avait disparu. Je boite depuis ce jour et j'ai une horrible cicatrice sur la jambe gauche. Je ne l'ai pas revu depuis, mais j'ai le mauvais pressentiment qu'il reviendra. Si vous avez une idée de ce qui m'a attaqué, je suis tout ouïe.

Toutes les réponses le traitaient de menteur, d'idiot et de fou. 

 

Interrogatoire d'Amish *****, témoin du meurtre d'Aventika ***** le 24 octobre 2013 à New Delhi.

N-B: I= Interrogateur A= Amish

I: Monsieur *****, j'aimerais que vous me racontiez, en détail, ce que vous avez vu.
A: Oh mon dieu... comment un être humain peut faire ça à un autre être humain... c'est juste... inhumain !!
I: Monsieur, calmez-vous.
A: Vous n'avez pas vu cette pauvre femme se faire dévorer par un monstre !
I: Dans mon métier, j'en vois des horreurs. Mais j'ai besoin que vous me racontiez ce qu'il s'est passé pour qu'on attrape ce fumier.
A: Ok, ok
. *souffle* Je sortais du travail et je marchais jusqu'à chez moi. Comme j'habite loin du centre et que je sors très tard, je ne croise pas beaucoup de monde. J'étais presque arrivé. Puis, j'ai entendu des bruits de mastication dans une ruelle. J'ai regardé dans la ruelle et j'ai vu un grand homme couché sur une femme. J'ai d'abord pensé à un violeur. Je n'allais pas laisser cette pauvre femme se faire violer. J'ai pris une barre de métal sur le sol et j'ai couru vers l'homme. Il m'a regardé et je lui ai frappé le visage avec. Pendant qu'il était sonné, je me suis tourné vers la femme pour lui venir en aide. Mais elle ne se faisait pas violer, elle se faisait manger ! C'est à ce moment que j'ai compris les bruits de mastication. Cet homme, ou plutôt ce monstre, la mangeait ! J'ai failli vomir... Le meurtrier s'est levé et m'a souri. Ses dents... ses putain de dents rouillées..., ses yeux blancs et sa joue rouillée aussi. Je comprends pas pourquoi les dieux ont créé ça. Je...
I: Monsieur ?
A: Je ne me sens pas très bien. Je crois que... [Le témoin s'évanouit.]
I: Monsieur ?! Merde... Abba ! Aide-moi à le transporter à l'infirmerie.

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Ceci était la dernière attaque répertoriée de l'homme aux dents de fer. Beaucoup de questions restent en suspens.

Je ne peux donner aucune réponse, car je suis aussi ignorant que vous. Je ne peux vous donner qu'un conseil : faites très attention. Si vous voyez quelqu'un correspondant à la description, partez. Immédiatement.


lundi 23 mars 2015

Une belle histoire

Savez-vous comment est venu le fait de faire ses lacets ? On peut croire que cela s'est fait tout seul, qu'un "illuminé" l'a inventé, ou bien que les inventeurs des lacets l'ont aussi inventé.
Absolument pas.

Nombreuses sont les histoires évoquant la manière amenée pour faire ses lacets, et elles sont toutes très poétiques.
Sauf quelques-unes. Dont une, particulière. Je vais vous dire l'histoire véritable, la raison pour laquelle la manière de les faire est venue.
Afin que vous puissiez vous repérer, je mettrai la technique pour vraiment nouer ses lacets entre parenthèses.
Ce n'est pas une poésie. Ce n'est pas un conte. Loin de là.
Je ne sais pas trop quoi en penser, mais essayez. Essayez de faire vos lacets tout en vous contant cette histoire.

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En premier, il faut mettre ses chaussures comme un grand !
Maintenant que les chaussures sont enfilées, il faut serrer ses lacets, non ?
Alors mon grand, pour que tu puisses te balader, je vais t'expliquer comment les nouer.
Mon père me l'a dit quand j'étais petit, alors c'est à mon tour de te l'enseigner !
Voilà comment il faut procéder :



Un méchant garçon veut t'attraper, alors tu t'enfuis,
(Enfile ton lacet gauche sous le lacet droit,)
Il te plaque violemment et rigole, toi tu serres les poings et les dents,
(Puis tire les lacets,)

Puis en te débattant, tu l'attrapes et tu le prends par le cou,
(Fais ensuite une boucle avec le lacet gauche,)
Avec ton bras, tu l'entoures et tu l'étrangles fort,
(Puis entoure le lacet droit avec la base de la boucle du lacet gauche,)
Tu forces et tu l'étouffes, en le plaquant contre un arbre,
(Passe le lacet droit dans le lacet gauche et tire,)
Tu prends une branche, puis tu lui bloques la trachée,
 (Entoure la boucle gauche avec la base de la boucle droite,)

Après l'avoir fait agoniser, il tombe finalement, tu es content,
(Passe la boucle gauche dans la droite, puis serre fort,)
Car il n'est plus là, et tu peux te balader tranquillement.
(Et pour finir, tu peux sortir calmement.)



vendredi 20 mars 2015

La razzia de la Lune Rouge

Cette nuit, c'est la Lune Rouge.
Cette nuit, tout mon peuple va se livrer un gigantesque combat à mort pour déterminer qui va prendre ma place de dominant. Ça peut sembler cruel mais notre race fonctionne ainsi depuis toujours.

Je regarde l'issue du combat par ma fenêtre - ma demeure étant le seul lieu où le combat ne peut avoir lieu. La plupart des maisons sont en feu. Je vois notre champion, un des grands favoris, dans une folie meurtrière. Une dizaine de ses anciens compatriotes, ceux-là même qui avaient vécu avec lui des moments de joie comme de peine et de peur, l'encerclent. Je peux percevoir comme une flamme dans ses yeux. À ses pieds, le cadavre de mon ancien assistant, étranglé avec ses propres lunettes. Cela n'a rien d'étonnant, tout le monde savait que ces deux-là se haïssaient et que l'un serait l'une des premières victimes de l'autre.

Dans une rue, j'en vois un armé de ces bombes qu'il avait améliorées toute sa vie - ses "surprises". Il en jette une sur un autre que je connaissais bien, qui n'a rien perdu de sa faculté à se plaindre constamment. Le visage digne, je peux lire sur ses lèvres "je t'ai toujours haï" avant que la "surprise" ne le fasse disparaître dans un
nuage noir et un bruit d'explosion. Le "farceur", entouré des traces causées par ses "surprises" ainsi que de lambeaux de chair et de vêtements, part dans un rire dément. Le carnage qu'il a causé et qu'il semblait préparer depuis longtemps semble lui provoquer du plaisir. Je sais d'avance qu'il ne va pas survivre à cette nuit. Son esprit est trop vicieux, manipulateur et dispersé pour que la lune rouge lui accorde sa bénédiction. S'il devient le nouveau dominant, il conduira notre peuple à sa perte.

Je peux distinguer ceux ayant refusé le combat en se donnant la mort : un peintre s'est pendu, un poète s'est planté un couteau dans le cœur et un autre, connu pour être un bon vivant, s'est empoisonné pour atteindre le sommeil éternel. Il n'y a aucune honte pour eux, ils ont refusé la bataille en restant dignes jusqu'au bout et ont été de bons sujets pendant leurs 150 ans de vie civile ; leur âme pourra atteindre le paradis sur la lune.

Je me souviens de lorsque j'avais moi-même survécu à la razzia de la Lune Rouge, devenant ainsi le guide de notre peuple. J'étais alors appelé "le barbu". Il ne restait plus que deux survivants: moi et celui qui exerçait jusque-là la profession de boucher. Je m'étais caché dans sa propre boucherie pendant qu'il me cherchait, armé de son hachoir taché de sang, et je dus surgir de derrière-lui pour l'égorger avec un croc de boucher qui traînait là. Je n'avais tué qu'un seul de mes compatriotes, mais j'avais survécu à cette nuit qui avait vu la disparition d'environ cent autres. Je devins alors le Chef. Je suivis une initiation pendant 250 ans, guidé par l'Esprit de la Lune Rouge, puis je vis la naissance de la nouvelle génération que je devais guider pendant 150 ans, jusqu’à la prochaine Lune Rouge. Jusqu'à aujourd'hui.

Je peux maintenant faire le bilan de ma vie de guide. Mon tout premier changement fut de décréter que cette génération serait végétarienne, suite à ma mésaventure avec le boucher. Par la suite, mon peuple vainquit à de nombreuses reprises un nouvel ennemi voulant nous exterminer et survécut à plusieurs péripéties nous ayant mis en danger. Je pense pouvoir dire que je fus un bon guide.

Je me tourne vers la femelle. Son sang n'étant pas entièrement celui de notre peuple, elle ne participe pas à la bataille. Elle survivra à cette nuit, mais son hymen, j'en doute.

La razzia devrait bientôt prendre fin. Je regarde de nouveau par ma fenêtre. Le champion doit avoir tué une quarantaine de sa quasi-centaine d'opposants. Il décapite le cuisinier avec son couteau à légumes. Il est devenu quasiment entièrement rouge à cause du sang de ses ennemis. Il est sûr de lui, mais un paysan caché dans la poubelle surgit et lui tranche la tête d'un coup de faux bien placé. Il n'en reste que trois encore en vie: le paysan, le "farceur" et un autre, qui se faisait autrefois appeler mon apprenti et qui n'en a tué actuellement que deux, et avec de la chance. Le paysan, en étant à son premier meurtre, ne se rend pas compte que le "farceur", toujours en quête de plus de victimes, se dirige vers lui, chargé de ses "surprises". Celui-ci aperçoit le paysan par la fenêtre, se prépare à lui envoyer une "surprise". Mais mon ancien apprenti se retrouve par hasard derrière le farceur et, sans réfléchir, lui donne un énorme coup de pied, le faisant basculer par la fenêtre dans la maison où se trouve le paysan. À cause du choc, toutes "les surprises" que transportait le farceur explosent, provoquant ainsi l'effondrement de la maison et la mort instantanée des deux combattants à l'intérieur.




Mon ancien apprenti devient alors le seul survivant. Il a gagné la razzia de la Lune Rouge. Déjà, la Lune Rouge l'enveloppe d'une aura de lumière. Je sors à sa rencontre, lui apportant l'habit rouge du chef.


« Félicitations à toi, lui dis-je. Tu es le nouveau Grand Schtroumpf ! »



LES TROLLPASTAS C'EST JUSTE UNE FOIS DE TEMPS EN TEMPS OK ? 
GUEULEZ PAS TROP VITE.

mercredi 18 mars 2015

Le vrai visage des koopalings

J’ai une passion pour les jeux vidéo, surtout ceux en versions bêta, Abandonware ou pirates.
Je m’appelle Jonathan, mais vous pouvez m'appeler John. Je vis dans un appartement à Avignon et j’ai 23 ans. Je voyage beaucoup, notamment dans les pays pauvres où je peux trouver des cartouches pirates ou des consoles contrefaites comme Somari ou la Polystation, et je vais sur internet pour me procurer des versions abandonnées ou bêta de certains jeux.


Un jour j’ai décidé de rassembler mes économies pour réaliser un vieux rêve : un voyage au pays du soleil levant, le Japon. Puis j'y suis allé, là où le jeu vidéo et la culture ne font qu’un, c’était l’occasion de chercher des collectors rares ou des jeux japonais inédits. 

En passant près des locaux de l’entreprise Nintendo pour prendre quelques photos, j'ai remarqué un objet large sous une poubelle. Comme je suis quelqu’un de curieux, j'ai décidé de voir ça de plus près. Après quelques difficultés à l’atteindre avec ma main, je l’ai sorti de là, j’étais surpris !
 
C’était une cartouche de la super Nintendo, mais ce qui m’a excité, c’était ce qu'on pouvait voir sur la jaquette. C’était les koopalings, les fils de Bowser !
Dieu sait que je suis un grand fan de ces persos-là ! Étrange, j’avais jamais entendu parler de ce jeu… peut-être que c’était une version préliminaire, mais qui avait été abandonnée.
Toute la boîte était en japonais -logique- seul le titre, en lettres bleues, était en anglais : « The
koopaling's true  face » (Le vrai visage des koopalings), avec comme fond les 7 koopalings dansant autour d’un feu de camp, de nuit. Ça promettait d'être intéressant, je le gardais précieusement.

De retour en France, j’ai rangé ma valise et j'ai mis mes affaires au sale. Bien sûr, je n’avais pas oublié le jeu que j’avais pris au Japon, mais je voulais d’abord faire une recherche sur internet pour avoir des informations sur ce jeu. Aucun résultat, tout le monde semblait en ignorer l’existence.. Mais bon, qu’importe, je voulais le tester au plus vite. J’avais une Super famicom (Une SNES japonaise), je voulais d’abord savoir si le jeu était fonctionnel et si il marchait avec l'adaptateur (indispensable pour faire marcher des jeux ricains ou japonais), bien que je me doute qu’il devait
être inachevé et truffé de bugs.

Après quelques tentatives, j’ai réussi à l’allumer avec le logo habituel, « Nintendo present », avec le jingle familier de la pièce. Par contre, l’écran titre était tout noir, sans musique, avec le nom du jeu en haut. On aurait dit que c’était écrit avec un bloc notes. J’ai haussé les épaules, pensant qu’ils n’avaient pas encore fait l’écran titre. J’ai appuyé sur un bouton de ma manette et deux options sont apparues en majuscules : « START » et « CONTINUE ». En prenant le deuxième choix, j'ai vu que le jeu avait une sauvegarde. Détail amusant, elle contenait 4 koopalings : Larry, Iggy, Lemmy et Roy. Tous étaient au niveau 4, avaient 4 points de vie et 4 points de magie. Quand je voulais y accéder, ça faisait juste redémarrer le jeu. La carte mémoire n’avait pas tenu avec le temps je suppose.

Bref, j’ai sélectionné « START », et on commençait dans une chambre avec Larry. J'en revenais pas, les graphismes et la musique étaient excellents ! Du jamais vu sur une super Nintendo, les personnages étaient détaillés, et la mélodie nous plongeait dans l’ambiance. Dommage que ce jeu ait été abandonné, ça aurait fait un carton !
Bien sûr, comme toutes les versions bêta, certains éléments n’avaient pas la bonne couleur, ou étaient simplement absents.

Le jeu était en japonais. J’en ai fait un peu quand j'étais au lycée, j'ai essayé de vous le traduire.
Larry dormait tranquillement, puis Lemmy entrait dans sa chambre, venant droit vers Larry, et le premier dialogue apparaissait :
Lemmy :
« Larry, réveille-toi ! » 
Larry : « mmmh, je suis en train de faire un rêve là ! » 
Lemmy : « Hey ! As-tu oublié ce qu’on devait faire aujourd’hui ? »
Larry : « pfff... » 
Lemmy : « Viens ! Iggy nous attend au rez-de-chaussée, on va se régaler ce soir ! »
Lemmy sortait de la chambre. Le jeu affichait celui qui parle au-dessus du message. Comme dit, je me suis rendu au rez-de-chaussée. Bon, je me suis retrouvé devant Lemmy et Iggy, tous deux joyeux de ce qu’on allait faire :
Iggy :
« Te voilà Larry, on va à la chasse, j’espère qu’on en aura assez pour nous trois ! » 
Lemmy : « Oui ! La dernière fois qu’on en a mangé c’était trop bon ! » 
Larry : « Allons-y ! »

J’ai eu la curiosité de voir le menu. C’était un menu très classique, avec à droite, les statistiques et les têtes des 3 koopalings. Lemmy était le seul à faire un sourire narquois, de ¾ face, donnant un air plus cool que les deux autres ; à gauche, les choix traditionnels du menu, mais il en manquait. J’avais 800 pièces d’or, 2 champignons rouges et un sac.
De retour à la map, je suis sorti du château tranquillement, et j’ai remarqué qu’il n'y avait personne. Les couleurs étaient assez ternes par rapport à ce qu'on peut attendre d'un jeu Nintendo. Le village était vide. 

Quand j’essayais de sortir, Larry disait « Pas par-là ! ». Peut-être qu’il n'y avait rien d’autre après, que le jeu était déjà « terminé », ce qui explique que l’endroit soit désert. J’étais un peu déçu, mais sans plus, et puis passer ne serait-ce que quelques minutes sur un jeu avec pour héros les koopalings, c’est pas rien pour moi !
 
J’allais éteindre le jeu quand un message est apparu : 

« S’il te plaît, ne le kidnappe pas, il est si innocent… » 
Il vient d’où ce message ? Kidnapper qui ? Ça ne pouvait pas être Peach, c’était exprimé au masculin.

En passant ce message, je me suis retrouvé devant un tuyau, Iggy s'avançant dans sa direction. Un nouveau message est apparu.

Iggy : « Ce tuyau nous mènera vers le monde réel, on fait la chasse puis on revient.
Lemmy : « Ok ! »

Le décor avait changé : c'était des images d'une ville photoréaliste - enfin, aussi réaliste que le permet la résolution de la SNES. Je veux dire, comme si on avait mis un genre de filtre Super Nes sur la photo d'une rue déserte.
J'ai commencé à comprendre ce qui allait se passer et j'ai essayé d'imaginer une échappatoire. J'ai envisagé que la « chasse » puisse être une métaphore, qu’ils allaient juste foutre un peu le bordel, comme d’habitude, et pour le repas ils voleraient de quoi manger. Je me suis senti soulagé.


Ça a pas duré très longtemps. Je me suis mis à entendre la voix d’un gamin japonais, venant de la télé. Il disait des trucs que je comprenais pas entièrement, mais ça devait être du style : « S’il te plaît, ne recommence pas… »
Le son de la voix était étrangement bien rendu, pour ce que je sais ça surpassait les possibilités de la console. Je veux dire, j'ai une belle collection de jeux SNES et aucun avec des sons d'une telle qualité.

J'étais devant une maison, et apparemment je ne pouvais pas visiter ailleurs, il y avait un mur invisible. Après quelques secondes, Larry s'est avancé tout seul devant la fenêtre. 

Larry : « Celui-là est assez gros. »
Le koopaling bleu et les deux autres sont entrés dans la maison par la fenêtre. Ils ont encerclé le gamin et un combat a commencé, le tout premier du jeu. 
Iggy : « Ta gueule le gamin ! On te tuera et tu viendras avec nous ! » 

Comment Iggy pouvait dire une chose pareille ? Je voulais pas attaquer ce gamin, sérieusement ce n’est pas leur style, je veux dire, ces mignons koopalings, attaquant un garçon sans défense !
Je ne pouvais rien faire à part attaquer. Mes mains tremblaient, je n’ai pas eu le choix. Comme les koopalings n’avaient pas d’arme, ils ne pouvaient que griffer. On pouvait entendre le cri du gamin, souffrant, avec une éclaboussure de sang. En 2 coups, il était KO.

On pouvait entendre un jingle de victoire, les 3 koopalings heureux, avec le gamin effondré devant eux. C’était malsain.
De retour à la map, le garçon avait disparu. En ouvrant le menu, j'ai remarqué que la tête des trois koopalings avait changé. Leurs sourires étaient comme... sadiques, et ils avaient les yeux plissés. Essayant de les ignorer, j'ai d'abord consulté l'inventaire. Je n’avais plus le sac que j’avais au début. À la place, il y avait un item qui s’appelait « viande ». Quand je cliquais dessus, ça disait : « Attends qu'on soit à la maison ! ». Bon, je n’avais pas d’autre choix que de sortir de la maison… écran noir, pendant 5 secondes. Puis une musique se jouait et une cinématique se lançait.
Je n’avais jamais vu ça. Lemmy, Iggy et Larry autour d’un feu de camp avec le gamin derrière. J’ai eu très peur pour la suite. 

Iggy : « Bien, maintenant que le feu est prêt tu vas pouvoir apporter notre repas Lemmy. » 
Lemmy : « Tout de suite ! »
 
Non, ils n’allaient quand même pas… ce n’est pas possible ! C'était pas les koopalings que je connaissais, ça pouvait pas être ça ! Lemmy a pris le garçon, et s'est avancé doucement vers le feu, et il a parlé une dernière fois, mais le défilement du texte est devenu très lent.
Lemmy :
«  …Au revoir… humain… » 

Le portrait de Lemmy sur la boîte de message a failli me faire hurler. Il avait un teint violet. Il me regardait, me faisant face avec un sourire bien trop large, et ses pupilles noires sont devenues violettes aussi. Je voulais passer ce message, mais je ne pouvais plus. Le jeu commençait à corrompre : les décors et les sprites, puis la musique ont planté. Puis l'écran a viré au noir. 

Je pensais que c’était terminé, jusqu’à que le jeu affiche de nouveau une image… c’était les trois koopalings, assis autour d’un feu de camp, mangeant une cuisse rôtie. À partir de là, je ne pouvais plus rien faire. J’ai donc éteint la console, tremblant et pensant à ce que je venais de faire avec les koopalings. C'était ça, leur vrai visage ? Des potentiels tueurs qui kidnappent des enfants pour les manger ?
Je ne vois plus les koopalings du même œil, et j’ai pris mes distances avec le fandom. J'ai encore le jeu dans un coin, mais je préfère ne pas y toucher. Un jour je me résoudrai bien à m'en débarrasser définitivement.




Vous allez peut-
être vous dire que j'ai une réaction un peu lourde par rapport à tout ça, après tout c'est juste un jeu. C'est vrai, il était un peu étrange, mais ça ressemblait à rien de plus qu'un détournement un peu dark de l'univers de Mario. Si c'était un jeu pirate ça n'avait rien d'étonnant. C'est la réflexion que je me suis faite la nuit dans mon lit après avoir joué.
Mais le lendemain, alors que je me mettais en route pour mon travail, j'ai croisé la concierge de l'immeuble, que je connais bien. Elle était en train de raccrocher son téléphone, effondrée. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas.
 

Son petit-fils avait disparu pendant la nuit. La fenêtre de sa chambre était ouverte et il y avait des taches de sang sur son tapis.


dimanche 15 mars 2015

Mon frère (11/11)



Extrait du cahier #4 : «La guérison par la foi, part. III ».

Je crois que je me bats contre la dépression depuis longtemps maintenant.

Vous avez déjà fait un long trajet en bus sans avoir de destination précise ? N’importe quelle ville avec des bus est parfaite pour ça. Les sièges de bus vides la nuit sont les choses les plus tristes qui soient. C’était devenu une sorte de hobby pour moi de m’asseoir là et de regarder
passer le décor de la ville.

Il est devenu facile pour moi de me déconnecter complètement du monde et de ses problèmes. J’ai une compréhension parfaite de mes responsabilités, des choses que j’ai à faire, des attentes de ma famille et tout. Mais je les repousse au fin fond de mon esprit. C’est comme si j’étais dans le brouillard. Cet hiver là je me suis assise tôt le matin dans l’herbe mouillée devant chez moi juste en regardant le décor fixe.

Je suis allée chez F. dans cet état d’esprit.

La maison est belle dans le genre délabré. C’est hors des sentiers battus, dans une rue abandonnée, qui donne sur le 5ème district. Le portail en fer noir à l’entrée la fait ressembler à un manoir hanté comme on en trouve en Europe. Le garde a remarqué ma présence et m'a ouvert le portail.

Je ratais encore les cours. Plus tôt dans la semaine j’avais déjà prévenu mon chef que je démissionnerais à la fin du mois. J’étais juste une interne de toute façon. Je pourrais trouver du travail autre part si je le voulais. Il m’avait regardée d'un air sévère en me disant qu’il était déçu. Je ne pense pas que j’étais très bonne au travail pourtant.

Je marchais dans le parc sur le chemin qui mène à la porte d’entrée de F. quand j’ai senti un tremblement dans mes jambes et un goût sucré bizarre dans ma bouche. C’était une sorte d’anxiété.

Il a ouvert la porte au moment où j’allais frapper. Il avait l’air de ne pas avoir dormi.

On a parlé de tout et de rien pendant un petit moment et il jouait avec ses cheveux. Mais quand on s’est assis dans le salon, avec le lecteur de musique poussiéreux et les bibliothèques pleines de toiles d’araignées, il s’est lâché. Il a sangloté. Je ne l’avais jamais vu dans cette état là. Je ne savais pas du tout comment réagir pendant les premières minutes. Je me suis juste assise en sirotant le café qu’il m’avait apporté. J’ai regardé nerveusement autour de nous pour voir si son père arrivait, ou peut-être X., mais
à part nous la maison semblait vide. Je lui ai finalement demandé de se calmer mais il était abattu.

Il a enfin arrêté de pleurer et m’a expliqué ce qui s’était passé plus tôt ce matin. Il s’était réveillé et X. avait disparu avec la plupart de ses affaires, sauf quelques-uns de ses vêtements. Le lit où il avait dormi était renversé et faisait face au mur, comme si il avait été renversé par un vent puissant. F. dit qu’il avait entendu des bruits bizarres la nuit d’avant.

Il m’a ensuite amenée au patio. J’ai reculé de quelques pas, en essayant de réfléchir à tout ça. Quand il a ouvert la porte de la cuisine, une odeur puissante m’a frappée. C’était l'odeur de la décomposition.

Drogo, le chien de F., gisait au milieu du patio. Un pigeon essayait d’arracher son œil gauche.

J’ai instinctivement reculé et effrayé l’oiseau. Je m’étais
rapidement habituée à l’odeur. Drogo n’était pas mort depuis longtemps. J’ai observé son corps gris. Il n’y avait aucune marque visible. Je me suis tournée vers F. qui avait l’air mortifié.

Il a dit qu’il avait découvert le corps ce matin. Il n’avait pas eu le cœur de le bouger. Je lui ai demandé si quelque chose d’autre manquait. Il m’a dit que l’œuf avait disparu.

Je ne voulais pas croire à ce qu’il pensait.

Après le choc initial on est allés se promener dans la propriété et on a observé le portail, les murs, la porte de derrière. Aucun verrou n’avait été cassé et il n’y avait aucun signe d’effraction. Le père de F. avait un garde qui surveillait l’entrée jour et nuit. Ça semblait impossible que quelqu’un soit rentré sans que personne ne le remarque.

On a erré pendant une heure, cherchant une explication. Il m’a dit qu’il ne l’avait dit à personne à part moi. Il savait qu’il devrait le dire au reste du groupe, mais il voulait de l’aide sur quelque chose d’autre en attendant. Il voulait que je l’aide à incinérer le corps de Drogo.

La proposition semblait un peu morbide, et j’étais dégoutée à l’idée de toucher le corps. Mais F. avait l’air tellement abattu que je n’aurais pas pu dire non. Je savais que je n’irais pas en cours après ça ; j’étais déjà en train de rater mon année de toute façon. J’ai dit oui.

On a fait notre possible pour faire les choses respectueusement. Le corps était très lourd, alors on a dû utiliser le diable rouillé trouvé dans un coin du jardin. On a enfin mis le corps dans le fourneau, et F. a fermé la porte et allumé le feu.

Si F. avait vécu plus près de la ville, on aurait sûrement eu une douzaine de plaintes des voisins pour l’odeur et la fumée. C’était épais et noir, impénétrable. J’ai protégé mes yeux et couvert mon nez mais je ne pouvais détacher mes yeux du ciel, sur la colonne de fumée. F. restait silencieux à côté de moi. Ça a brûlé pendant une heure. On a pas dit grand chose.

Quand ça s'est terminé, F. m’a remerciée et m’a demandé si je voulais rester. Je me sentais bizarre à propos de tout ça. J’ai dit que je devais aller en cours et je suis partie. Il est resté sur le patio, là où il avait trouvé le corps de Drogo. J’ai fermé le portail derrière moi.

Mes habits sentaient la fumée. Puis ça m’a soudain frappé : X. avait disparu, quelqu’un était entré dans la maison de F. la nuit dernière et il était peut-être en danger. J’ai pensé à appeler F. et lui dire d’aller dormir à l'hôtel pendant quelque temps. Mais quand je suis rentrée chez moi, je me suis sentie mal et je suis tombée dans mon lit.

Je ne me souviens pas de mes rêves.

Je me suis réveillée à minuit, j’avais dormi 12 heures. La seule lumière dans ma chambre venait de mon téléphone. J’avais reçu une bonne vingtaine de messages de B., F., E., A. et N.
Ils disaient tous la même chose bien sûr. Le corps de X. avait été trouvé sur le rivage.


[FIN]




Court échange avec A. au port.

Le garçon appelé A. dans les cahiers a maintenant 31 ans. Je n’ai pas pu apprendre grand-chose de lui. Il était dans le même collège et lycée que mon frère, mais il a été viré en 1997 et a eu son diplôme en 1999 dans une école différente. Il a passé l’examen d’entrée d’une université et a étudié l’ingénierie industrielle. Apparemment il aurait remporté trois championnats de Valetudo à la suite, en 1998, 1999 et 2000. Il bosse maintenant en tant que superviseur dans une compagnie de transport maritime qui appartient à son père. Il ne s’est pas marié.

Ça n’a pas été très dur de le trouver, au port un matin d’été. Il ressemble beaucoup à l’adolescent qu’il a été, mais il a des cheveux plus courts et cet air fatigué qui vient avec le temps. J'ai remarqué une marque noire qui est une partie d’un tatouage plus grand en dessous de sa chemise.

Je me suis présenté à lui en temps que petit frère de B. et il m’a presque immédiatement reconnu. Il m’a pris dans ses bras et m’a demandé comment allaient ma famille et mes études. Puis A. s’est souvenu de mon frère et a regardé la mer pendant un instant, d’où un épais brouillard venait. J’ai dit que je voulais lui poser quelques questions sur un projet de famille que je faisais pour le cours d’arts plastiques. C’était une excuse bidon mais il m’a cru.

On s’est assis sur la terrasse d’un des nombreux cafés du port. A. a déserré sa cravate et a croisé les bras, s’adossant à sa chaise. Un groupe de mouettes festoyaient des poissons déchiquetés à quelques mètres de nous. Je me suis souvenu qu’il était un homme de parole pendant son adolescence, mais les années avaient l’air de l’avoir ramolli.


Tu as connu mon frère pendant presque toute sa vie, non ?
Oui... On est devenus amis en maternelle, et on est resté amis jusqu’à l’université. À partir de là on n'a plus pu se voir autant mais on y arrivait parfois.


 

Je sais que ça peut paraître bizarre, mais qu’est ce qui fait que vous vous entendiez si bien ?
On... on avait le même sens de l’humour... je pense. Nous étions dans un plus grand groupe, ce qui était mieux.
 

Quel plus grand groupe ?
Ben, tu te souviens probablement de nous quand on allait voir ton frère quand tu étais plus jeune. On était toujours avec T., F., E...
 

Je me souviens de tous ces gens.
T. et F. étaient aussi à l’université avec nous. Tous les quatre, on a continué de se voir après avoir eu nos diplômes. On a tous étudié quelque chose de différent bien sûr, alors on ne les a pas eus en même temps.
 

Tu as des nouvelles de T. et de F. ?
Je sais que T. est à New York. Après qu’elle ait laissé tombé le droit, ses parents l’ont envoyée dans une école de design, et je crois qu’elle s’est faite embaucher rapidement.
Je ne sais pas grand chose de F... En 2006 il est parti au Honduras pour y vivre et bosser dans le social un moment. Il me donnait des nouvelles tous les mois, de vraies lettres, par la poste. Puis il est allé en Afrique pour prendre des photos pour un magazine, du coup j'ai entendu parler de son père. J’ai eu une réunion de business avec lui il y a une semaine, d’ailleurs. Il possède la moitié de cet endroit après tout.
 

Et E. ?
E. est partie en Europe la dernière année de lycée... Personne n’a de nouvelles d’elle depuis. Je crois que T. a quelques mails mais c’est tout.
 

E. était la fille que F. aimait, non ?
[rires] Oui... Je ne peux pas croire que tu te souviennes de ça.
 

J’essaye de me souvenir d’une autre personne qui trainait avec vous.. Son nom commençait par un N ?
Oh... oui, c’était N. Il était à peu près pote avec nous les deux dernières années de lycée, mais je ne l’ai pas vu beaucoup puisque j’ai été viré.
 

Euuh, pourquoi tu as été viré déjà ?
[rires] Je me suis battu.
 

Et... Que fait N. maintenant ? Tu le sais ?
[raclement de gorge] Il est mort, en 2006, dans l'incendie du supermarché.
 

Je vois... il y avait d’autres gens avec vous ?
C’est à peu près tout... D. était avec nous parfois, tu te souviens probablement d’elle, une rouquine. Je ne pense pas que tu aies rencontré K.



Je crois que si...
Vraiment ? K. était très bizarre.. elle ne sortait pas beaucoup. Je crois que c’est vraiment tout.
 

Attends, K. c’est celle qui a failli faire exploser la chaufferie de l'école ? Ils parlaient  encore de ça quand j’étais au lycée.
[rires] Oui c’était elle. Je suis sûr qu’elle ne l’avait pas fait exprès.
 

Qu’est ce qu’ils font maintenant ?
Pas grand chose... D. est retournée vivre en Angleterre avec ses parents après ses études, et K. a en quelque sorte disparu... Même si je pense qu’elle vit encore ici.
 

Je me souviens aussi d’un autre mec... Il avait un look... spécial. Je ne me souviens plus très bien de son prénom...
Qui ? [Longue pause] Dis-moi la vérité, qu'est-ce que tu cherches à savoir ?
 

Je voulais juste confirmer les souvenirs que j’ai de mon frère et de ses amis... J’ai rêvé de ça dernièrement, comme des souvenirs d’enfant enfouis très loin.
[Pause] Je crois que ton frère était ami avec un mec de l’école qui a eu pas mal de soucis... Je crois qu’il est mort.
 

Tu te souviens de son nom ?
Pas vraiment.
 

Et ... que faisiez vous dans le groupe ?
Bah, des trucs d’ado...
 

Des magasins de musique ?
[Pause] Pas de magasins de musique, je pense pas, pourquoi ?
 

Juste comme ça, je pense que c’est tout. [CLIC]
 
[fin de l'interview]



 

Je n’ai pas grand chose à dire. A. était sur la défensive à la fin de l’interview. Je me demande s’il savait que j’avais trouvé les cahiers.

Peut-être que tout ça était de la fiction, et que A. était juste embarrassé que j’aie trouvé leur travail collectif...

Ou bien il ne voulait pas me dire qui était X. tout simplement.

À part K., il semblerait que A. soit le seul membre du groupe encore vivant en ville. Contacter quelqu’un d’autre serait difficile.





Et c'est la fin. Elle se termine un peu en queue de poisson... On va supposer que LB aura fait une mauvaise rencontre avant d'arriver au bout de ses recherches.

vendredi 13 mars 2015

Pourquoi les enfants pleurent à leur naissance ?

Essayez de vous rappeler vos souvenirs les plus anciens. Quel âge avez-vous dans ces souvenirs ? Quatre ans ? Cinq ?
La neuroscience cognitive du développement nous dit que nous ne formons pas de mémoire épisodique avant l'âge de trois ans. Soi-disant, les souvenirs d'avant cette époque sont à peine des fantômes – des erreurs dans le processus de formation de la mémoire du cerveau. Des rêveries ordinaires, confondues avec des faits. C'est ce que nous dit la recherche actuelle. Il est important que vous sachiez cela. Laissez-moi une chance ; je ne gaspillerais pas votre temps avec des préliminaires sans fin. Voici mon histoire :
Je suis un jeune diplômé, étudiant la linguistique. Mon travail est souvent associé avec le département des neurosciences, et je me suis fait plusieurs contacts là-bas. L'un de ces contacts est le sujet de notre histoire. Je l'appellerai DV.

DV est aussi un étudiant diplômé. Il étudie la mémoire. Il utilise une procédure appelée la stimulation magnétique transcrânienne. Cette procédure utilise les radiations magnétiques pour stimuler des parties ciblées du cerveau.

Imaginez une baguette magique que vous pouvez pointer sur un groupe de neurones, et leur dire : « Dansez. » Et ils dansent.
Deux mois plus tôt, DV m'a demandé de l'assister dans un projet qu'il développait. Il m'avait assisté dans le passé quand j'apprenais comment utiliser un EEG pour mes recherches. Je lui devais beaucoup. Je n'avais pas d'autre choix que de l'aider dans son travail. DV était ce que j'avais de plus proche d'un ami.

Je suis arrivé à son labo après les heures de service, comme il l'avait demandé. Il attendait à la porte. Il portait sa blouse. Elle était bien trop grande pour sa carrure, et les manches étaient trop longues. Il avait l'air tellement enfantin.

“Tu es prêt ?”
“Prêt à quoi ?” Il ne m'avait pas donné de détails sur son projet.
“J'ai juste besoin d'entraînement pour ajuster la machine. Je vise une partie du cerveau que personne n'a encore visée avec cet appareil.”

J'ai donné mon accord, sans hésitation. Il avait avec joie servi de sujet-modèle quand j'apprenais les EEG. Le milieu universitaire est construit sur les échanges de faveurs. De plus, sa machine ne perce même pas la peau.

Je me suis installé confortablement dans sa chaise d'examen. Elle avait des sangles de poignet en cuir, mais elles n'étaient jamais utilisées. J'étais en face d'une baie vitrée. Le labo était en hauteur, sur la colline du campus. La nuit surgissait au dessus des lumières orange de la ville. Quelques voitures roulaient sur l'autoroute.

“Essaye de te détendre,” a dit DV. Son souffle était mentholé, avec des relents de gin.
Il a allumé la baguette magique, et j'ai senti le bourdonnement familier de l'électricité sur mon cuir chevelu. Les vibrations ont convergé vers deux points juste derrière mes oreilles, un de chaque côté de ma tête. Les points ont commencé à brûler. Mes cheveux se sont hérissés.
“Comment tu te sens ?” a demandé DV. Il chuchotait, mais sa voix était pleine de tension. Je pense qu'il savait déjà comment j'allais répondre à sa question.

Avant que je puisse répondre, j'ai entendu des pleurs venant du fond du couloir. Quelqu'un pleurait dans la cage d'escalier. Quelqu'un hurlait comme un animal touché à la patte. J'ai entendu de la chair craquer. J'ai entendu des tendons sauter. J'ai entendu une voix qui butait sur des mots. Quelqu'un vomissait mon prénom dans la cage d'escalier.

“Je crois que j'ai besoin de faire une pause.” J'ai essayé de me tourner pour regarder DV, mais j'ai senti des mains maintenant ma tête en place. J'ai essayé de bouger mes mains, mais les sangles de poignets avaient été attachées.
“Depuis combien de temps je suis là ?” Personne ne m'a répondu.

Le grognement dans le hall devint de plus en plus fort. Quelqu'un cognait sur les portes. Elles étaient verrouillées. La porte du labo ne l'était pas.

“S'il te plaît, éteints ça,” j'ai dit. Le courant de la machine faisait comme des éclairs bouillonnants derrière mes yeux. La fenêtre s’agrandissait. Les voitures sur la route dérapaient, hors de contrôle. J'ai observé les phares plonger dans la rivière. J'ai observé les phares qui se percutaient les uns avec les autres. Les lumières de la ville s'éteignirent, une à une. L'obscurité du paysage était tellement dense, je pouvais plonger dedans. C'est ce que je fis.

J'étais dehors, dans le vide. Il y avait plus de distance devant moi que n'en procuraient les horizon de la Terre. Je fus seul, durant un précieux instant. Puis, les ténèbres furent brisées par un homme. Il était l'homme du couloir. Il était l'homme sans peau. Les muscles et les nerfs tout agités, les veines et les artères toutes giclantes. Je pouvais voir son cœur se flétrir dans sa poitrine quand il me regarda. Il n'était que boucherie, sans humanité. Il était trop près, je pouvais sentir la viande pourrissante sur ses os d'argent.
“Tu te souviens de moi ?”, a-t-il dit. Ses dents étaient avancées, comme un cheval de course. Sa silhouette était indistincte, comme disloquée dans le temps. Sa bouche ressemblait à des photo à exposition lente d'une carcasse en flamme.
J'ai répondu “Oui”, parce que je m'en souvenais.

Quand j'étais jeune - trop jeune pour former des souvenirs -, j'ai fait un rêve. Dans ce rêve, un homme marchait derrière moi et me disait des choses sur l'univers que je ne voulais pas savoir. Il était l'homme sans peau. Il était l'homme qui se tenait devant le vide. Il me suivait dans les salles de cinéma, dans les parcs urbains, dans les tunnels sifflants et les forêts hirsutes et les maisons d'enfance, juste pour me trouver blotti dans un coin de l'armoire de ma chambre. Il parlait peu, je n'ai pas de mot pour les choses qu'il a dites. Je me réveillais peu après, imprégné de sueur froide, mes lèvres brûlées par le vomi, les yeux douloureux de rouler dans leurs orbites. Mon esprit essayait de rejeter le souvenir. J'ai cherché dans tous les langages les mots que j'avais entendus cette nuit, mais aucune langue humaine n'avait jamais prononcé les choses que j'avais entendues.

Ici, dans le vide, ici, dans le labo, l'homme m'avait trouvé à nouveau. La machine avait fracturé mes défenses, et l'avait laissé entrer. Pour la seconde fois, il prononça ces mots, et pour la seconde fois, mon esprit refusa de les accueillir. À un certain point, qui sembla être une éternité après, DV enleva l'appareil de ma tête. Comme si je me réveillais subitement d'un rêve, j'ai repris conscience.
“Depuis combien de temps j'ai été branché ?” j'ai demandé.

“Moins d'une minute,” DV a répondu. Il avait perdu son timbre de monsieur je-sais-tout. Sa voix était faible, et il tremblait en parlant.
“Détache-moi,” ai-je dit. J'ai ensuite réalisé que mes poignets n'étaient pas entravés. DV était pétrifié dans le coin de la pièce.
Je me suis levé, et j'ai rassemblé mes affaires. Mes oreilles sonnaient, chacune d'un ton différent. Ils étaient discordants. Ils étaient les dernières notes d'une chanson que je n'avais pas entendue depuis vingt ans.

“Je ne reviens pas,” j'ai dit. “S'il te plaît, ne me contacte pas.” DV a acquiescé. Sa peau était aussi blanche que sa blouse de labo.
J'ai marché dix kilomètres jusqu'à chez moi. Je ne me faisais pas confiance au volant d'une voiture. La nuit était silencieuse tandis que je marchais. Même les criquets se taisaient pour moi.

Quand je suis rentré, j'ai vomi dans le lavabo de ma salle de bain. J'ai regardé mon petit-déjeuner, déjeuner et dîner tourner autour de la canalisation giclante. J'ai regardé dans le miroir. Ma chemise était mouillée de sang, sauf des marques de côtes sur le devant. Le sang était toujours tiède au toucher. Mes poches étaient remplies de cartilages. Mes chaussettes étaient trempées de placenta.
J'ai jeté mes vêtements dans la poubelle cette nuit-là. DV et moi ne nous parlons plus. Je ne le vois pas dans le campus. Je fais régulièrement mes travaux scolaires. Je paye mon loyer à temps. Je m'endors grâce à des talk-show les nuits de semaine, et grâce au whisky les week-ends.

Je ne fais pas beaucoup de rêves, ces derniers jours. Je ne pense pas spécialement à mon enfance. Quelque part, dans les alcôves inexplorées de souvenirs inaccessibles, il y a des mots qui ne devraient pas être entendus. Un homme sans peau a choisi de me dire ces mots, et j'ai choisi -deux fois maintenant- de ne pas me les remémorer.


Au début de ce texte, je vous ai demandé de rappeler à votre mémoire votre premier souvenir. J'espère que c'était quand vous aviez quatre ou cinq ans. J'espère que c'était simplement un souvenir de votre première blessure, ou quelque chose du genre. J'espère tout cela, parce que quelque part dans votre cerveau, il y a un souvenir de quelque chose que votre cerveau développé a choisi de ne pas retenir. J'espère tout cela, parce que l'horreur infinie de ces mots oubliés est trop grande pour que l'esprit humain la comprenne. J'espère que vos rêves sont sereins, et que vos cauchemars vous laissent heureux d'être réveillé.

Surtout, j'espère que cette histoire vous empêchera d'explorer ces damnées voûtes sans bornes de votre esprit. Quand nous naissons, nous n'avons aucune défense contre le monde, physiquement ou mentalement. Peut être que cela nous prend quelques années pour construire ces défenses. Peut être que les choses que nous avons vu avant devraient mieux être oubliées.




 Traduction : BloodyTree

Texte original