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jeudi 10 juillet 2014

Folie rouge

Une faible et dérangeante obscurité s'installe dans une pièce à la tapisserie légèrement déchirée. La fenêtre quant à elle n'est qu'une pitoyable plaque de verre recouverte de barreaux froid. La pâleur du crépuscule n'est qu'un doux et douloureux souvenir qui hante chaque partie de mon corps endolori, un corps qui tombe en fumée, s'écroulant. Il faut trouver une sortie à cet enfer sans nom. Poussant avec mes dernières et minces forces une épaisse porte en métal qui s'ouvre dans un bruit lourd, je marche, pieds nus sur un carrelage glacial. Mes yeux se plissent et je crois apercevoir, le temps d'un instant, une lumière scintillante légèrement orangée éclairant le bout du couloir. Celle-ci s'éteint, avant de se rallumer quelques secondes plus tard. Je marche, guidée par cette ampoule. J'entends des cris, des hurlements, des chuchotements inhumains à travers ces murs de béton.

Me bouchant les oreilles, je continue à avancer, avant qu'un liquide chaud attire mon attention. Je relève doucement ma jambe, et une odeur désagréable vient à mes narines : du sang. Le carrelage est couvert de sang. Trempée, la nausée me tiraillant le ventre, cette odeur âcre me bousille l'estomac. Fermant les yeux, comme privée d’ouïe et de vue, j'avance en me raccrochant à cette lumière qui m'attire tant. Perte de mémoire, amnésie, comme si chaque partie de mes souvenirs était en train de se dissoudre. L'impression malsaine que ma tête est passée dans un bain d'acide sulfurique, pourtant je me rappelle encore de ma journée d'hier. J'étais avec Mélanie, ma charmante fiancée, elle était enceinte et nous attendions un petit garçon grâce à une fécondation in vitro. Rien ne pouvait gâcher notre bonheur, sauf que… Nous étions cachées du reste de la société, car effectivement je suis une femme, et elle aussi, et l’homosexualité n'est pas quelque chose de compris. Les gouvernements se jugent tolérants, mais pourtant on ne peut pas se proclamer tolérant avec l'homophobie, mais je pense, depuis mon plus jeune âge, à ne pas être normal.

Mon cœur se serre dans ma poitrine, et tandis que j'avance, je sens un doux liquide salé couler sur mes joues. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pleuré. Tout cela grâce à Mélanie. Elle avait réveillé chaque parcelle de mon cœur, me couvrant de sensations que je n'avais jamais connues. Mais encore une fois mon histoire d'amour se transforme en une histoire impossible, dégradée par cette société qui me dégoûte. Je ne comprends pas. Depuis quand l'amour n'est pas considérée comme normal? C'est avec une pointe de jalousie que je regarde ces couples exprimer leur affection en public, sans gêne, car je ne pourrais jamais en faire de même. Pourtant, au fond de moi-même, j'étais persuadée que cet enfant pourrait prouver au monde que notre amour est réel.
Je rouvre doucement les yeux et je vois que je suis arrivée à mon point de lumière. Un soupir de soulagement sort de ma gorge, mais finalement la peur reprend le dessus. Je ne sais pas où je suis, et j'entends les gouttes d'eau tomber lourdement sur le sol. Je ne veux pas devenir folle, il faut que je trouve un endroit, une liberté infinie : « Je veux surtout revoir Mélanie ». Perdue dans le temps, je ressemble à un animal abandonné, un mouton noir, un chien abandonné sur le bord de la route, tant de noms me font penser à ma situation et à moi-même.


J'aperçois un épais nuage de fumée venant de la droite. Elle passe sous une porte. Curieusement je sens qu'il faut que j'aille voir, pourtant, mes repères perdus, la demi-obscurité, et ces sons qui martèlent ma tête, commencent à me faire sentir anxieuse. La porte n'est pas comme les autres. Elle est en verre, mais je suis incapable de voir à l'intérieur. Je trouve cela réellement étrange, mais j'appuie tout de même sur la poignée. Ce que je vois me glace le sang. 

Rien. Le néant, la solitude. Une pièce abandonnée, une métaphore de ma propre vie et de mon existence sûrement. Plissant les yeux pour m'habituer à l'obscurité, je ne remarque qu’une sorte de miroir brisé, attaché au mur. Seuls mes pas résonnent, comme si j'étais seule au monde, même les cris qui m'horrifiaient ne sont plus. J'avance prudemment ; à chaque pas, mon cœur bat, comme s'il allait sortir de ma cage thoracique. Je sens comme une présence derrière moi, ça me met légèrement mal à l'aise mais je continue à avancer. M'orientant avec le toucher, pour éviter de me faire mal, je tâte , et une douleur perçante se fait sentir.


- Putain!


Je me suis coupée le doigt par inattention. Je suce la plaie en fronçant les sourcils, avant de réaliser que je suis désormais devant le miroir. Je sursaute. Même dans l'obscurité mon reflet est bel et bien visible, et ce qui m'horrifie, c'est mes cheveux coupés. Ma longue crinière qui m'arrivait aux reins est désormais réduite jusqu'aux oreilles, je trouve ça laid... Mais le pire c'est le sang, le sang qui s'étale sur ma robe blanche et déchirée. Et mon visage, cette pâleur déconcertante, et... mes yeux sont rouges, rouge sang. Mettant mes mains sur ma bouche pour m'empêcher de vomir devant cette vision horrible, j'essaye de calmer les battements de mon cœur mais je finis par vomir.
 
Le sang qui s'écoule de mes jambes se mélange au vomi, et l'odeur devient rapidement insoutenable. La fumée blanche, presque toxique, qui me brûle les yeux commence à sortir des murs, et j'entends des bruits de ferraille venir du couloir, de plus en plus fort, comme si quelqu'un se rapprochait. Sans savoir pourquoi, je sens que ma survie est en danger et je file trouver un endroit pour me cacher. Je trouve un vieux placard poussiéreux. Toussotant quelque peu, je me rue sur la poignée. Les bruits métalliques martèlent le couloir, comme si une chose inhumaine s'y déplaçait, et la poignée refuse de s'ouvrir. À deux doigts de l'asphyxie entre cette odeur nauséabonde, la fumée et la poussière, je commence à manquer d'oxygène, et, dans un dernier espoir, je flanque un grand coup de pied dans la porte du placard. Mais une lumière m'aveugle.

Mes paupières sont lourdes. Je puise une force inconnue en moi pour les ouvrir. Clignant plusieurs fois des yeux, je remarque que je suis attachée.


- Putain! C'est quoi ce bordel?!


Je commence à crier. Je suis allongée sur une froide et inconfortable table d’opération. Ma vision se fait de plus en plus floue. Relevant légèrement la tête, je remarque que ma culotte est baissée et ma robe, ou du moins le tissu qui me couvre, est relevée. La table est couverte de sang luisant, et le sang continue de s'écouler, de moi-même. De moi! Putain, c'est quoi ces conneries?  Je ne sens rien du tout pourtant. Commençant à devenir complètement hystérique, je me débats de toutes mes forces, frôlant la folie. J'essaye de briser les chaînes qui m'ont été attachées aux poignets et  aux chevilles.


- Sale gouine.


Bordel? Qui a dit ça? Une voix, rauque, terriblement blessante, ces mots auquel je m'étais habituée; pourtant cette intonation, cette haine, me blessent au plus profond de moi-même. Des rires malsains résonnent dans la pièce, sans que je  voie personne. Je continue à me débattre de plus en plus violemment en criant.


- MAIS LÂCHEZ-MOI PUTAIN!


Les rires reprennent, se moquant de ma détresse. Je commence à me rendre compte que c'est peine perdue. Une violente douleur me tiraille l'estomac, et je ne peux m'empêcher de crier. La fumée revient et me met les larmes aux yeux. Mais, cette fois, j'aperçois une énorme entité noire, un sourire effrayant, des dents terriblement pointues. L'angoisse me paralyse, et les larmes roulent sur mes joues. J'essaye tant bien que mal de dire quelque chose, mais ma gorge est nouée et je continue de regarder cette scène surréaliste, impuissante. Elle s'approche et lève sa main garnie de griffes pointues. Elle s'approche lentement, comme pour faire durer mon supplice. Les insultes ont remplacé les rires, et j'ai l'impression que mon cœur va exploser. Le trop-plein d'émotion que je contiens me tiraille, chaque membre de mon corps est tremblotant. L'entité est juste devant moi, se tenant droite et me dévisageant de son horrible sourire.

Aaaah... Elle... Elle vient d'entrer une de ses griffes dans mon ventre. Je manque de tourner de l’œil devant cette insoutenable douleur. Le sang est partout, sur les murs, sur la table et sur moi-même. Ma tête est lourde. Je la relève légèrement et aperçois mes boyaux et mes intestins sortir de mon ventre. Je vomis encore une fois. Je suis exténuée, le vomi colle mes cheveux et mes yeux sont embués de larmes. Je ne comprends pas ce qui se passe.


- Arrête Sasha...!


C... C'est la voix de Mélanie, c'est la voix de Mélanie! Elle m’appelle!  Bordel! Où est-elle? Elle va venir me sauver...! Mais arrêter quoi?  L'entité continue de fouiller dans mon intérieur. Je ressens une douleur inimaginable, des gouttes de sueur perlent sur mon front et mon dos. Je pleure, je pleure, je veux que tout cela s'arrête. Et j'entends la voix de Mélanie me supplier, mais je ne comprends pas, où est-elle? Où suis-je? Elle pleure. Oui, MA Mélanie pleure, mais il faut qu'elle me vienne en secours, il faut qu'elle...


- Il est mort.


Je lève les yeux , et aperçois l'entité. Elle a fini son travail, mais je remarque qu'elle tient quelque chose entre ses mains. Je ne comprends pas. Le sang continue de s'écouler et je commence à perdre l'ouïe. Ma vision devient floue, monochrome, et je sens que je vais finir par m'évanouir. Suffoquant dans un dernier effort, je sens que l'entité a posé quelque chose de chaud sur ma poitrine ensanglantée. L'odeur est vraiment affreuse. Je n'ose pas, je ne veux pas le voir, je...

Mes pupilles se dilatent. J'aperçois le cadavre d'un bébé. Défiguré, ensanglanté, son corps est dur, froid et mauve. L'entité me tend un miroir pour je ne sais quelle raison. C'est l'incompréhension et la terreur totale. Le visage de Mélanie, boursouflée, en sang, défigurée, à la place du mien. Manquant de m'étouffer avec mes sanglots, je sens une dernière goutte de sueur défiler le long de mes omoplates, avant de m'évanouir. Les seuls mots que j'entends sont :



-J'ai fait une fausse couche, Sasha...


Je relève les yeux, j'ai dû m'endormir un instant, ouf. Tout cela n'était qu'un rêve, je suis tellement soulagée. Mais je ne comprends pas pourquoi je suis debout, et ce que je fais avec ce couteau dans la main. Le salon est complètement retourné. Seule la douce lumière légèrement orangée du soleil me réconforte, mais je suis plongée dans l'incompréhension. Je lâche le couteau et commence à m'éloigner en tremblotant parce que je viens de voir la vision la plus horrible de ce monde.


-...Sasha...


Mélanie, gisant par terre, une énorme entaille au ventre, son sang s'écoulant sur le plancher et son visage meurtri, elle suffoque, tremble, tel un mort-vivant. Elle me regarde dans les yeux, avec une tristesse sans fin et une peur infinie. Dans un dernier souffle, de sa faible voix, j'entends ces phrases qui resteront graver à jamais dans mon esprit.

-...Pourquoi tu m'as fait ça?...




Controversé

8 commentaires:

  1. Pas mal la Creepypasta mais la morale sur l'homosexualité ma refroidit, sa n'a rien à faire dans une creepypasta...

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    1. je ne trouve pas personnellement, ça change de d'habitude où le couple est toujours un homme et une femme, et ça ne gâche en rien l'histoire...

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    2. Ce n'est pas le couple qui me dérange, mais il'y a clairement un message morale sur l'homosexualité et la société qui lui livre "un mauvais regard" qui est inutile et n'apporte rien à la creepypasta mais au contraire, à mes yeux, la décridibilise.

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  2. Assez confus dans l'ensemble. En fait on comprend pas toujours qui parle. De même on comprend mal le début on croit qu'elle est debout puis nan elle est sur une table puis hop c'est un rêve et bim la fin tombe cash.
    En fait t’as plein d'idée mais mal exploitées. Ce qui est bizarre c'est les longues phases de descriptives qui au final n'apportent qu’un suspens qui se perd. Je veux dire que au début y'a l'ambiance puis hop c'est un r^ve donc on perd l'ambiance 1 . Et tu en introduit une nouvelle. Au final un peu trop décousu à mon goût et je ne vois absolument pas le rapport avec les gouines ca aussi car au début on se dit ok un fou furieux qui déchire une homo why not et puis après c'est la narratrice qui au final etait en train de rever qu'une entité lui déchire le ventre et elle se retrouve avec elle même un couteau pour tuer sa bien aimée ? Un peu trop "facile" le coup de la possession où alors pas super bien introduit. Au final je trouve que il y a trop d’incompréhension pour en faire une "excellente" pasta.

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  3. je trouve ça vraiment bien écris, des passages que j'ai eu du mal a comprendre mais les phrases sont bien tournées et personnellement, j'adore!

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  4. Des tournures de phrases compliquées, des phrases descriptives trop longues et lourdes qui apportent rien... Et c'est trop confus ! Au final, qui parle ? Elle était où dans la première partie ? Qui lui fait du mal ? Pourquoi elle fait ça à sa femme ? Qui m'expliiiiique ? o/

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  5. ça m'a un peu fait penser à silent hill

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