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lundi 25 mars 2013

Le portemanteau

J'ai quitté mon insouciance et mon ignorance des vérités premières par un soir ordinaire, où avec ma tendre épouse nous regardions dehors, assis côte à côte comme de jeunes amoureux, la vie qui suivait son cours. Nous voyions beaucoup de choses chez les voisins: disputes et séparations nous amusaient; nous rêvions en espionnant les paisibles repas qu'on servait à une famille unie et heureuse. Ça, c'étaient les immeubles d'habitations...

Il y avait à côté un immeuble de bureaux, dont l'intérêt était évidemment bien moindre. Voir travailler les gens n'a rien de très distrayant, en particulier quand, comme moi, on n'accomplit jamais que des tâches ingrates et répétitives. C'est ce qui aurait dû être; mais le hasard fit que mon regard croisa quelque chose d'étrange: une silhouette bizarre et immobile se tenait près d'une fenêtre du dernier étage. Ma femme aperçut mon trouble, et je lui montrai du doigt.

"C'est juste un portemanteau", me rassura-t-elle en riant
"Oui, oui, juste un portemanteau."

J'étais fait.



Aujourd'hui je suis resté quelques temps à la fenêtre. La créature était toujours là, inerte comme l'objet qu'elle prétendait être. Ma femme me surprit dans ma contemplation: cette fois-ci, il y avait dans sa voix un accent d'inquiétude réprimée. C'était bien compréhensible, je m'en rends compte à présent.

"Allons, lève-toi. C'est l'heure d'aller bosser."

La journée, l'image du monstre ne me quitta pas. Mon chef, apercevant ma rêverie, me somma de reprendre le travail; mais comme, malgré son insistance, je ne parvenais pas à me concentrer sur ma besogne, il en vint, la mort dans l'âme, à me donner deux jours de repos. Je me rends compte après coup à quel point je devais paraître mal en point pour qu'il en arrive à cette extrémité.

J'avais donc la journée pour surprendre les mouvements du monstre. Ses multiples têtes étaient toujours immobiles, mais je savais très bien que c'était pour mettre ma patience à l'épreuve. Ce coup-ci mon épouse, de plus en plus inquiète, me jeta en silence des regards anxieux. Elle ne pouvait rester auprès de moi, elle aussi avait à faire, alors elle me laissa un plein tube d'aspirine et l'eau pour la dissoudre. Ses gestes étaient tremblants, mais je m'en aperçus à peine.

En regardant longtemps, je pouvais percevoir des mouvements minuscules et patients, obscurément coordonnés; un trouble vague m'envahit: il n'y avait plus guère de doute.

Le soir, je rassemblai mes forces, me relevai et vins me coucher auprès de ma femme. Une irrépressible envie de retourner voir me tirailla toute la nuit, mais je tins bon. Je tins bon jusqu'à six heures, heure à laquelle je me glissai discrètement hors des draps et me jetai dans le bleu du petit matin...

Tout en sueur, je vins m'asseoir à ma place; mais mon regard se figea en constatant que la bête n'était plus à la sienne...
Pris de panique, tous les sons du logis me paraissaient grossis. Il y avait des craquements partout, des grattements dans les murs, des bris de voix au-dessus...

Et la rumeur insistante d'une chose progressant lentement dans le couloir, ses milliers de petites pattes se posant l'une après l'autre sur le parquet dans un tic-tic d'une horrible légèreté. Une odeur infecte ne tarda pas à envahir la pièce, et je me figurai le corps mince, le grouillement de ses noirs appendices, les grêles antennes fouettant l'air...

Mais je ne le vis pas. Un pas survint derrière lui, et il s'effaça je ne sais où; c'est ma femme qui apparut. En me voyant ainsi suant, suffoquant, le regard d'une bête traquée, son inquiétude grandit encore. La mienne atteignit son paroxysme lorsque je constatai que le portemanteau était de nouveau à la fenêtre. Mon épouse, prise par son travail, me quitta encore plus anxieuse, en me promettant de revenir vite. Pour ma part, je ruminais de sombres pensées.

Cette chose m'en voulait, ce fait m'apparaissait clairement à présent. Nous étions engagés dans une lutte à mort; il me fallait la vaincre, ou c'est elle qui me vaincrait. Je fus pris d'une ferme résolution comme ces pensées me venaient: ce soir même, j'irais découdre la bête et retrouver ma quiétude. Pour l'occasion, j'exhumai mon antique revolver, qui me répugnait mais que je gardais en cas de besoin.

Tout était clair, net, précis: je savais exactement ce que j'avais à faire. La porte de l'immeuble ne me résista guère longtemps, ni aucune autre par la suite, et je montai résolument au dernier étage. Arrivé là, une grande peur me serra la gorge, mais mes forces ne m'avaient pas abandonné. Le couloir était obscur, des choses semblaient se mouvoir dans l'ombre en silence. Des craquements métalliques m'indiquèrent que j'étais à la bonne porte...

Je poussai lentement le battant, ma main crispée sur mon arme. Une odeur nauséabonde régnait dans la salle. Il était là, tapi dans un coin, diabolique, ses milliers de bras grouillant sous sa tunique sombre... Ces mouvements... Ces poils collants fendant l'air avec une grâce abjecte...

Je tirai. Une flaque noire s'étendit à ses pieds, et une puanteur abominable me fit suffoquer. Je me sentis perdre conscience comme l'odeur inondait mes poumons...



Alessandro J. a été interpellé dans un immeuble d'affaires après qu'on y ait entendu un coup de feu. On l'a trouvé étendu, un pistolet à la main. Déclaré fou, il est actuellement interné dans un hôpital psychiatrique de Thuringe.


Détail secondaire, on ne retrouva jamais le portemanteau qu'il prétendit avoir abattu.

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